ANTIQUITES
PAR FRANCOISE DEFLASSIEUX
C E n'était pas une mince affaire, autrefois, que l'écriture. Il ne suffisait pas d'être alphabétisé, il fallait encore maîtriser l'usage de la plume - d'oie, de préférence -, savoir la tailler pour qu'elle ne crache pas et avoir à sa disposition une encre de qualité.
Le problème de l'encre, dans son encrier, c'est la fâcheuse tendance qu'elle a à former des paquets gluants qui, s'ils viennent à se ficher sur la pointe de la plume, s'écrasent en pâté disgracieux sur la belle page d'écriture qu'il faut ainsi recommencer !
Du XVIIe au XIXe siècle, l'encrier, cet accessoire de bureau indispensable et souvent décoratif (et même parfois somptueux) fit l'objet de multiples recherches pour l'obliger à garder les paquets tout en dispensant une encre limpide.
C'est dans la seconde partie du XVIIIe siècle qu'un certain Pochet et qu'un certain Marchand imaginèrent l'encrier à soupape, équipé en son centre d'un godet-passoire supposé retenir le dépôt à la périphérie du récipient, en ne laissant passer que le liquide utilisable. L'encrier à soupape donna pendant quelques décennies une relative satisfaction, avant d'être remplacé, à la fin du siècle, par l'encrier à pompe, plus efficace, semble-t-il.
Du moins jusqu'à ce que Louis-Honoré Boquet, dans les années 1820, imagine l'encrier siphoïde, à pompe et à bascule, qui devait alimenter toute la littérature et toute la paperasserie du XIXe siècle, avant de susciter, au XXe, de nombreuses vocations de collectionneurs.
Après le stylo à plume et les multiples instruments « prêts à écrire » imaginés tout au long du XXe siècle, qui font oublier les problèmes d'encre instable, les encriers anciens sont devenus des objets décoratifs auxquels les systèmes ingénieux inventés successivement confèrent un attrait particulier.
L'exposition du marché Malassis fait revivre en quelques dizaines d'objets cette petite histoire de l'art de l'écriture. Les uns sont la propriété du collectionneur Giovanni Gaetano, auteur d'un ouvrage sur la question, les autres appartiennent à l'antiquaire et sont à vendre.
« Encriers à système du XIXe siècle ». Du samedi 10 au lundi 12 mars et du samedi 17 au lundi 19 mars, de 10 h à 18 h.
« L'Homme de plume ». Stands 211-213, marché Malassis (1er étage), 142, rue des Rosiers, 93400 Saint-Ouen.
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