Télédiagnostic et téléexpertise

Expérience clinique et maturité technologique

Publié le 20/10/2011
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LES AVANTAGES de la télé imagerie permettent actuellement d’anticiper ceux de la télémédecine en termes de répartition géographique de l’expertise, d’optimisation des soins d’urgence et spécialisés, de collaborations médicales et de formation à la recherche clinique (1). La téléimagerie n’est ainsi pas simplement un partage d’image, mais une pratique médicale à distance. La téléradiologie comporte donc principalement deux aspects, le télédiagnostic et la téléexpertise.

Les trois composantes du télédiagnostic.

Le télédiagnostic, une consultation médicale à distance, doit être compris à la lumière de la définition légale du « décret télémédecine ». Selon ce texte, le radiologue organise la réalisation d’un examen d’imagerie médicale par un manipulateur, sous son contrôle distant, et sous celui, direct, d’un médecin sur place, puis l’interprète et rédige un compte rendu. Il ne s’agit donc pas de la simple lecture distante d’images télétransmises. Le radiologue doit en particulier, après analyse de la demande, adapter son protocole et ainsi contrôler personnellement la qualité de chaque examen pour assurer la meilleure qualité des images et des comptes rendus.

Ainsi, pour répondre aux difficultés de nombreux centres hospitaliers qui disposent d’équipes radiologiques numériquement insuffisantes pour les gardes et/ou astreintes, certains établissements font appel à diverses sociétés de téléradiologie. Une partie des gardes radiologiques est donc sous-traitée. Par exemple, en 2 ans, près de 3 500 scanographies ont été prises en charge en téléradiologie d’urgence.

Sur le plan technologique, la téléradiologie dispose actuellement d’outils techniques permettant de communiquer, les données et échanges devant être sécurisés pour éviter perte, dégradation, falsification et/ou divulgation frauduleuse des données. Ces échanges doivent par ailleurs être « notarisés », afin de garantir le contenu, l’origine, la date et la destination des messages, ainsi que leur archivage sécurisé.

Ces outils techniques doivent être encadrés par des équipes d’animation et de suivi, de formation et d’évaluation. La participation de médecins à la mise en place et au suivi est indispensable.

Sur le plan médical, enfin, la téléradiologie, suppose l’implication des médecins radiologues sur place, en fonction des ressources humaines disponibles et sous réserve de protocoles formalisés préalablement établis et convenus.

La téléexpertise, un avis sollicité à distance.

La téléexpertise, quant à elle, a également été définie par le « décret télémédecine ». Elle permet à un médecin de solliciter à distance l’avis d’un ou plusieurs spécialistes en raison de leurs formations ou compétences particulières.

Ainsi, un CHU considéré comme exemple pourrait recevoir de 75 a sollicitations d’avis chaque jour en provenance de trois centres hospitaliers de la région. Les demandes d’avis concernent surtout la neurochirurgie et se soldent 2 fois sur 3 par un non-transfert du patient. Autre exemple, un centre de lutte contre le cancer a reçu en 2010 plus de 600 demandes d’expertise provenant du CHU voisin, toujours en vue d’un transfert éventuel.

La mise en place de réseaux de partage de données, dans le cadre de la téléradiologie, permet par ailleurs de consulter les examens précédents, en vue d’une lecture comparative par exemple, si les examens et dossiers ont été explicitement partagés par l’établissement d’origine.

Distincte de la téléexpertise, la double lecture des examens d’imagerie peut enfin être proposée dans un objectif d’assurance qualité, ou dans le cadre de la recherche. À titre d’exemple, la fédération de médecine nucléaire a mis en place un réseau national de télé imagerie reliant 20 centres de médecine nucléaire dans le cadre d’un projet européen de recherche clinique. Ainsi, « en un an, plus de 1 000 examens ont été relus par le centre de référence. »

Des banques de données iconographiques, cliniques et biologiques peuvent également être créées à des fins d’enseignement et de recherche. Cette activité complète la diffusion des résultats d’imagerie à l’ensemble des praticiens impliqués dans la prise en charge d’un patient. L’exploitation des données d’imagerie volumique peut également être indispensable pour la planification thérapeutique (radiothérapie, imagerie interventionnelle, intervention chirurgicale ou odontologique, voire fabrication d’une prothèse ou orthèse).

L’imagerie a un rôle déterminant dans l’offre de soins et la télé imagerie permettra d’optimiser son fonctionnement dans certains territoires. Quelques questions restent en suspens : identifiant unique des patients, harmonisation des identifiants et authentifiants des professionnels de santé, rémunération de l’acte de télé imagerie, cohérence des missions des multiples organismes publics et parapublics, politique

« pragmatique et cohérente » de déploiement des infrastructures…

*D’après un entretien avec le Dr Jean-Philippe MASSON, Carcassonne, membre du groupe de travail Téléradiologie de laSFR.

Référence

(1) SNITEM, Conseil professionnel de la radiologie. La télé imagerie, une réalité croissante dans l’offre de soins. Paris 2011, SNITEM - CPRx Ed.

Dr GÉRARD BOZET

Source : Bilan spécialistes