L ES mères de jumeaux dizygotes ont quatre fois plus de chances que la moyenne d'avoir une seconde fois des jumeaux. La probabilité de grossesse gémellaire est pratiquement doublée chez une parente au premier degré d'une femme ayant elle-même accouché de jumeaux. L'existence d'une prédisposition génétique est donc plus que probable, parallèlement à cet autre facteur qu'est l'âge : la probabilité de grossesse gémellaire est en effet également doublée chez une femme à 35 ans, par rapport à une autre de 25 ans.
La physiologie, autant que les grossesses multiples induites par stimulation, ont naturellement orienté vers la FSH et son récepteur. L'an dernier, une mutation homozygote (substitution d'une ASN par une SER en 680) était rapportée chez une femme de 26 ans ayant accouché à deux reprises de jumeaux dizygotes (Al Hendy et coll., « Lancet » 2000, 356 : 914).
En fait, ce résultat semble bien fragile. Rapidement, en effet, une seconde étude est venue montrer que cette mutation du récepteur n'est pas associée à une réponse accrue à la FSH, mais au contraire à une réponse diminuée (M. Perez Mayorga et coll., « J. Clin Endocrinol Metab », 2000, 85 : 3365-69). Les femmes portant cette mutation présentent en effet un taux accru de FSH en début de phase folliculaire, et une quantité d'hormone significativement supérieure à la moyenne est requise pour obtenir un nombre donné d'ovules dans le cadre d'une FIV.
Le séquençage de l'exon 10
Les derniers résultats font donc douter. Ils ne sont toutefois pas suffisants pour mettre la mutation définitivement hors de cause. C'est la raison pour laquelle les chercheurs australiens et américains ont procédé, chez 21 mères de jumeaux, au séquençage de l'exon 10 du gène du récepteur FSH, qui correspond au domaine transmembranaire dans lequel la mutation a été signalée. On note que ces femmes n'étaient pas apparentées, que six d'entre elles étaient issues de familles où trois sœurs avaient chacune eu des jumeaux et que, dans dix cas, on pouvait recenser des histoires de jumeaux sur deux générations successives. C'est donc peu dire que l'on est en contexte familial. Pourtant, chez aucune de ces femmes, la mutation n'a pu être mise en évidence.
Une analyse de la ségrégation de 25 marqueurs polymorphes, voisins du gène sur le chromosome 2, a par ailleurs été effectuée chez 383 mères de jumeaux, et 17 « triplets » de sœurs, chacune mère de jumeaux : aucune association n'a été retrouvée avec la région portant le gène.
L'hypothèse d'un effet prédisposant de la mutation mise en cause dans le gène du récepteur FSH semble donc devoir être abandonnée, du moins l'hypothèse d'un effet important, car un effet modulateur peut toujours être envisagé chez certaines femmes, en présence d'autres facteurs, comme les changements physiologiques liés à l'âge, ou d'autres facteurs génétiques qui restent à identifier.
G. W. Montgomery et coll. « Lancet », vol. 357, 10 mars 2001
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature