Théâtre

Fo et usage de Fo

Publié le 27/01/2012

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Crédit photo : ©Fortrye

Ça démarre en trombe dans une cuisine de poupée, ça se termine, brutalement, par un gros mot craché à la figure des spectateurs : « pute ! » Sous ses airs futiles, « Orgasme adulte échappé du zoo » traite aussi de la condition féminine et de la place des femmes dans la société. Ces quatre monologues, écrits, mis en scène et joués par des femmes, recensent presque tous les clichés qui jalonnent l’imaginaire des hommes. Une maman débordée et tête en l’air, une Nafissatou Diallo au bord de la crise de nerfs, une Juliette nymphomane qui jouit d’un plaisir égoïste, une Alice digne des pires fantaisies érotico – pédophiles... Nous avions connu le grotesque lumineux du chef-d’œuvre de Dario Fo, « Mystère Bouffe », qui lui a valu le prix Nobel de littérature en 1997. C’est un grotesque sombre, cauchemardesque, qui se dessine ici, dans cette comédie (tragique ?) écrite à quatre mains avec sa compagne d’une vie Franca Rame. Publiée en 1978, initialement sous un titre différent, elle fait écho, même si elle ne le raconte pas directement, du viol collectif subi par son auteure. Après quelques années de silence, elle n’eut de cesse de le dénoncer. Les rires à gorges déployés, provoqués par les répliques bien ficelées et interprétées par les deux jeunes actrices survoltées, virent vite au rire jaune. Le plaisir féminin se mue en déplaisir, en violence. Car l’humour déployé est bien plus fin (et morbide) qu’il n’y paraît. Troublant.

« Orgasme adulte échappé du Zoo ». Théâtre du Temps, Paris XIe, du 27 janvier au 19 février, les vendredis et samedis à 20 h 30 et les dimanches à 17 h.

Giulia Gandolfi