Qui de Jean-Marie Le Guen ou de Marisol Touraine serait le ministre de la Santé de François Hollande s’il était élu président de la République ? L’un et l’autre entouraient jeudi 2 février le candidat socialiste, à l’occasion de son premier grand discours sur la santé à Paris. A entendre François Hollande, une chose est certaine en tout cas: avec lui, le prochain locataire de l’avenue de Ségur aurait du pain sur la planche. Car, même si le détail reste à préciser, le candidat socialiste ne manque pas de grands projets sur la santé. Après avoir visité jeudi l’hôpital Robert Debré, puis l’Institut de la vision aux Quinze-Vingt, François Hollande cloturait en fin d’après midi un Forum sur la santé organisé par le PS pendant deux jours. Pendant trois quarts d’heure, il a égréné dans le grand amphithéatre de la Faculté de médecine de Paris V, rue des Saints Pères, ses projets sur le plan sanitaire et social. Et il ne s’est pas contenté d’attaquer le gouvernement actuel, dépeignant un système de santé de plus en plus inégalitaire à ses yeux, «qui a été désorganisé depuis cinq ans» et reprochant au gouvernement de n’avoir pas su gérer les crises sanitaires (H1N1, Mediator...)
Pour la suite, on retiendra d’abord que, s’il était élu, la priorité de François Hollande serait la prévention. Dès la rentrée de septembre, «les fondamentaux de la politique de santé publique seraient posés», à commencer par la lutte contre l’obésité, mais aussi la dépendance des personnes âgées et la santé au travail. A l’hôpital, François Hollande propose de «rétablir le service public hospitalier», avec un nouveau «pacte social» à la clé. Et il promet de revenir sur la convergence tarifaire avec le privé et de faire une pause dans la tarification à l’activité qui, dit-il, «a atteint ses limites». Il annonce aussi un plan santé mentale et pour la santé dans les prisons. Enfin, il compte poursuivre la dynamique du plan Alzheimer et celle du plan cancer, laissant entendre qu’il s’engageait pour «un nouveau plan cancer.»
Revoir la protection sociale des libéraux de santé
En ville, le candidat promet «un plan d’urgence pour l’installation des jeunes médecins» : généralisation des stages en ville, revalorisation de la médecine générale, et au-delà, de l’ensemble des spécialités cliniques, amélioration de la protection sociale des médecins et notamment pour la maternité des praticiennes. François Hollande a confirmé aussi qu’il voulait davantage forfaitiser la rémunération du médecin généraliste. Il explique que c’est à ses yeux la seule façon de développer la prévention et le meilleur moyen pour favoriser la qualité. Le candidat socialiste a redit que, concernant l’installation, il n’était «pas favorable à une politique de contrainte» qu’il juge de toute façon «vouée à l’échec». Il n’a pas été plus précis sur le sujet, mais un peu plus tôt, dans une interview au bi-mensuel Espace Social Européen, il s’était tout de même prononcé pour une limitation des conventionnements en zones excédentaires.
Jeudi, il s’est également engagé à ce que tout citoyen ait la garantie d’être à moins de 30 minutes d’un point de prise en charge des urgences. Il s’est attardé aussi sur la question des dépassements d’honoraires. Sur le sujet, il annonce un encadrement des dépassements d’honoraires par spécialité et par région et se prononce pour une limitation des installations de médecins secteur 2 dans les zones où ils sont nombreux.
Baisser les prix et la consommation de médicaments
Le candidat du parti socialiste n’a oublié aucun des acteurs de santé dans son premier discours consacré au secteur. Pas les malades auxquels il a promis une loi sur les droits sociaux des patients. Pas même les industries de santé, un secteur dont la France peut-être «fière», selon lui, pour les emplois qu’elle procure, mais aussi les marchés qu’elle conquiert et la recherche. A 80 jours du 1er tour, François Hollande estime d’ailleurs qu’il faut «sortir de la vieille image que la santé serait un poids, un fardeau pour les pouvoirs publics, dont le seul souci serait d’en alléger le coût». Cela ne l’empêche pas de préconiser une baisse des prix et du volume de consommation des médicaments.
Si le favori des sondages pour la présidentielle a dressé mardi un inventaire assez exhaustif de ses priorités, il est encore resté peu précis sur les moyens d’y parvenir. Et même s’il se montre sévère avec la politique suivie ces dernières années, l’alternative qu’il propose mérite encore d’être détaillée. Apparemment cette feuille de route a bien été reçue par le public massé dans le grand amphi de la rue des Saints Pères, dont beaucoup d’étudiants et de nombreux hospitaliers qui ont chaleureusement applaudi François Hollande. Les représentants des médecins libéraux avaient eux aussi fait le déplacement, semblant de plus en plus tabler sur la victoire du candidat socialiste. Après avoir été reçus les jours derniers par François Hollande, Michel Chassang et Pierre Lévy (CSMF), Jean-François Rey (Umespe) et Claude Leicher (MG France) ont écouté religieusement son discours programme. De même que Jean-Paul Hamon (FMF), tous s’attardaient ensuite autour du candidat et de son staff santé.
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