À l’ère du P4P, la prescription de médicaments génériques à la place des princeps est un des items le plus payant pour le généraliste. Un taux élevé de prescription de ces médicaments moins chers permet en effet au médecin de totaliser un maximum de 290 points et d’empocher, au passage, environ 2 000 euros par an, pour une patientèle moyenne de 800 patients médecin traitant (MT). Un coup de pouce non négligeable censé inciter les généralistes à en prescrire plus, cela dans un souci de maîtrise des dépenses de santé. Cette nouvelle donne n’a pas échappée à l’Académie de médecine, dont le dernier rapport alerte néanmoins sur les risques d’une politique du tout générique.
Question de définition d’abord. L’institution est formelle. Le médicament générique n’est pas « la copie conforme de la spécialité princeps », écrit noir sur blanc le Pr Charles-Joël Menkès, auteur du rapport sur la prescription des génériques qui vient d’être adopté par l’institution. Le générique, censé faire baisser les dépenses de santé et faciliter l’accès aux soins de populations économiquement défavorisées, n’est pas non plus «la copie conforme de la spécialité référente dans sa présentation». Autrement dit, leurs différentes présentations, des comprimés à la place de gélules par exemple, peuvent désorienter les personnes âgées ou les malades en traitement chronique, selon l’Académie. En outre, le changement d’excipient peut provoquer des « réactions allergiques plus ou moins sévères, notamment avec les formes orales des antibiotiques à usage pédiatrique », note l’institution de la rue Bonaparte. « Une moindre efficacité et un délai d’action plus long » ont été observés pour certains génériques d’antibiotiques, constate son rapport.
5 propositions sur le générique
Après avoir dressé ce constat, à la fin de son rapport, l’Académie formule cinq recommandations. Elle souhaite, d’abord que la présentation du générique soit le plus proche possible de celle du princeps, en évitant les excipients à effet notoire. Concernant les ordonnances, l’institution souhaite que le nom du principe actif du médicament apparaisse sur les prescriptions : celles-ci devraient être obligatoirement rédigées en Dénomination Commune Internationale (DCI), selon elle. Elle précise néanmoins que la mention non-substituable (NS) doit être respectée par le pharmacien. Le maintien et le respect de cette mention est « indispensable à une médecine personnalisée tenant compte des situations à risque » précise le rapport.
Dans ce document, l’Académie de médecine s’intéresse aussi aux génériques fabriqués à l’étranger. Le contrôle régulier des médicaments génériques importés doit « être de règle », demande t-elle. Concernant les patients, elle suggère que les malades en traitement chronique puissent se procurer « toujours la même marque de générique ». Et elle demande que les pharmaciens « disposent de l’ensemble des génériques sur le marché », ce qui est loin d’être le cas actuellement. Selon les auteurs du rapport, les génériques à marge thérapeutique étroite, dont la dose minimale efficace est très proche de la dose maximale tolérable par l’organisme, méritent d’être « utilisés avec prudence ». Enfin, l’Académie préconise d’« appliquer les règles de la pharmacovigilance et de la pharmacoépidémiologie aux médicaments génériques » comme elles le sont déjà pour les princeps.
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