«T RES alarmant », l'état sanitaire des populations réfugiées en provenance de la Langue de Guéckédou, au sud-est de la Guinée, a conduit l'organisation humanitaire Médecins du Monde (MDM) à alerter l'opinion internationale, afin que « des moyens supplémentaires soient donnés au Haut Commissariat aux réfugiés (HCR) pour qu'il mène à bien sa mission », en Guinée.
Depuis le mois de septembre 2000, le sud-est de la Guinée est le théâtre de violents affrontements qui affectent la population civile. Les combats opposent les forces guinéennes à une coalition rebelle, composée du Front révolutionnaire uni (RUF) sierra-léonais et d'opposants au régime guinéen. Un millier de civils sont morts, dans la population locale guinéenne et chez les réfugiés. Près de 400 000 réfugiés, venus de la Sierra-Leone et du Liberia depuis 1991, fuyant la guerre civile dans leurs pays respectifs, se sont installés en Guinée, dans des camps proches des frontières du sud, dans la région appelée Langue de Guéckédou ou Bec du Perroquet. Devant l'intensification des combats, les réfugiés ont fui vers le nord.
En raison du climat d'insécurité, les agences des Nations unies (HCR, PAM, UNICEF) ont suspendu leurs opérations, depuis septembre 2000. MDM, pour sa part, a adopté une « posture particulière » en lançant un programme d'urgence à partir du mois de janvier 2001, dans la Langue de Guéckédou. Son programme vise à réduire la mortalité et la morbidité dans deux zones du sud-est : la Langue de Guéckédou, où 110 000 personnes sont concernées ; les sous-préfectures de Yendé, Kassadou et Tékoulo (33 000 personnes).
Des besoins médicaux et nutritionnels
Privées d'assistance en nourriture et de soins médicaux depuis cinq mois, les populations de la Langue de Guéckédou sont dans un état « très inquiétant », selon MDM. Fin février, environ 90 000 réfugiés et 50 000 Guinéens se trouvaient toujours dans cette partie du territoire, avec des besoins médicaux très importants : cas de paludisme grave non traités, infections pulmonaires graves, plaies profondes surinfectées, etc. La plupart des réfugiés déclarent qu'ils ont faim. Dans certains endroits, comme à Bassedou et Banbaya, le taux de malnutrition globale chez les enfants de 1 an à 5 ans est de 11,5 %. Il est de 10,2 % pour les enfants exposés à un risque de malnutrition. Selon MDM, « ces résultats démontrent une situation grave au regard des normes internationales ». Selon ces normes, un taux de malnutrition globale, entre 10 et 14 %, accompagné de facteurs aggravants, est un indicateur qui permet de qualifier une situation nutritionnelle comme grave. De même, un taux de mortalité supérieur ou égal à 2,5 pour 10 000 par jour chez les enfants de moins de 5 ans est considéré comme une situation critique. Au camp de réfugiés de Katkama, le taux de mortalité globale des enfants de moins de 5 ans était de 3,23 pour 10 000 par jour, avant l'arrivée des organisations non gouvernementales (ONG). Il est passé après à 1,68 pour 10 000.
MDM réclame notamment la mise en place au plus vite d'un corridor humanitaire sécurisé qui permette le transfert des réfugiés, à partir de la Langue de Guéckédou jusqu'à des camps de relocalisation au nord.
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