Homéopathie et fraises Tagada : la campagne des labos détournée par les anti-fakemed

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Publié le 03/04/2019

« Dérembourser l'homéopathie ? Pour les Français, la pilule serait dure à avaler ». Nouveau slogan, nouvelle action. Ce mercredi, 18 acteurs* pro-homéopathie dont des organisations professionnelles, des sociétés savantes, des associations de patients et des laboratoires ont lancé une vaste opération de mobilisation contre le déremboursement possible des médicaments homéopathiques.

Cette campagne, relayée sur le site « Monhomeomonchoix.fr » et sur les réseaux sociaux par le mot d'ordre #MonHoméoMonChoix affiche deux objectifs : donner la parole aux Français afin « qu'ils expriment leur attachement à cette thérapeutique et revendiquent le maintien de son remboursement ».

Pétition et affiches à placarder dans les cabinets

Sur leur site, une pétition contre le déremboursement des médicaments homéopathiques a été mise en ligne et a recueilli plus de 2 500 signatures. Un numéro gratuit a aussi été ouvert. Il suffit d'envoyer un SMS « homéo » pour faire valoir sa signature. Les pro-homéopathie insistent sur l'utilité et l'importance de cette thérapeutique.

« En cas de déremboursement, il y aurait un transfert vers des médicaments plus coûteux pour la collectivité, soulignent-ils dans leur argumentaire. Le prix moyen des médicaments homéopathique remboursables est de 2,70 euros alors que le prix moyen des autres médicaments remboursables est de 9,90 euros ». Et ils avancent d'autres avantages. À leurs yeux, le remboursement favorise un usage encadré par des professionnels de santé, permet à certains patients de mieux supporter leurs traitements lourds, ou encore de limiter le recours à des traitements présentant des effets secondaires.

En plus de la pétition, sept affiches aux slogans variés – « Et si on respectait le choix des Français » ou « L'homéopathie a soigné des générations de Français. Pourquoi en priver les générations futures ? » etc. – sont téléchargeables pour les professionnels de santé intéressés souhaitant les apposer dans leur cabinet.

Le calendrier est loin d'être hasardeux. Cette opération commando intervient une semaine après que les Académies de médecine et de pharmacie se sont prononcées explicitement contre l'homéopathie, que ce soit son remboursement ou son enseignement dans les facultés. Par ailleurs, la Haute autorité de santé (HAS) doit également rendre au gouvernement son avis, fin juin, sur le bien-fondé du remboursement de cette pratique. Or Agnès Buzyn n'a pas laissé planer le doute et a confirmé son intention de dérembourser ces thérapies si elles ne sont pas efficaces. « Ce n'est pas à la solidarité nationale de payer pour des thérapies sans effets scientifiquement prouvés », a taclé la ministre de la Santé dans une interview accordée mi-mars au « Quotidien »

#MonHariboMonChoix devient viral

À peine lancée, l'offensive a subi les foudres du collectif FakeMedecine, qui promeut une médecine fondée sur les preuves scientifiques et combat les thérapies alternatives. Le collectif pointe du doigt sur les réseaux sociaux une campagne publicitaire orchestrée par l'industrie pharmaceutique à l'intention des professionnels prescripteurs.

Certains accusent également l'industrie de vouloir préserver son chiffre d'affaires.

D'autres ont contre-attaqué avec une autre arme : l'humour et le détournement de #MonHoméoMonChoix en #MonHariboMonChoix, très vite devenu viral. 

*La campagne est organisée par : SNMHF, FNSMHF, SFH, CHF, SNMA, INHF-Paris, FFSH, CEDH, CDFH, Association Hôpital St Jacques - SSH, SHISSO, SSMA - AHP-France, Safemed - Boiron, Lehning, Weleda. 


Source : lequotidiendumedecin.fr