CONGRES HEBDO
L ES circonstances de découverte d'une HTA chez la femme correspondent à des périodes plus définies que chez l'homme : la grossesse, la ménopause et la postménopause.
L'hypertension de la grossesse n'est pas facile à prendre en charge. En pratique, explique le Pr Xavier Girerd, on rencontre quatre situations différentes :
- l'HTA est apparue avant la grossesse ou avant la 20e semaine de gestation ; ce tableau constitue celui d'une HTA chronique posant le problème du traitement médicamenteux à bien adapter ;
- l'HTA apparaît après la 20e semaine de grossesse et s'accompagne d'une protéinurie, caractérisant un état de prééclampsie ou d'éclampsie ; ces anomalies ont pour origine une maladie du placenta, parfois d'évolution létale pour le foetus et pouvant entraîner des complications mécaniques gravissimes chez la femme. Le seul traitement est l'extraction foetale, au moment le plus opportun à la fois pour le nouveau-né et pour la mère ;
- une protéinurie apparaît après la 20e semaine de grossesse chez une femme hypertendue connue et constitue un tableau de prééclampsie ; dans ce cas, la conduite à tenir est comparable à celle qui est appliquée lorsque l'éclampsie est découverte chez une femme qui n'a jamais été hypertendue.
- enfin, l'HTA gestationnelle, où l'hypertension se normalise trois mois après la fin de la grossesse.
Les mécanismes
La question était jusqu'ici de savoir si l'HTA qui survient à la ménopause est due à l'âge lui-même ou si elle est de découverte fortuite tardive, à une période où les femmes consultent davantage. Il semble, d'après de récentes études, que l'HTA de la ménopause soit directement liée au vieillissement par le biais de plusieurs mécanismes. D'une part, la ménopause entraîne des conséquences néfastes sur les facteurs de risque de l'HTA, et notamment sur les lipides, comme l'a montré l'étude de Casiglia réalisée chez des femmes ménopausées (Hypertension, 2000). Le suivi pendant seize ans a montré une incidence élevée d'HTA d'intensité légère, une élévation du cholestérol - liée à la carence hormonale - et des triglycérides chez ces femmes en ménopause naturelle. D'autre part, les modifications hormonales entraînent une prise de poids, elle-même responsable d'un certain degré de dysfonctionnement rénal, autre cause d'HTA à la ménopause. De plus, le vieillissement provoque des modifications de la structure et du fonctionnement des artères, avec épaississement de la paroi, et perte de la distensibilité, à l'origine d'une mauvaise régulation de la pression artérielle. Ainsi, à la ménopause, l'atteinte artérielle est également responsable de l'HTA.
La femme âgée
Après 70 ans, l'HTA est le reflet des lésions artérielles dues au vieillissement, où l'artériosclérose (sclérose de la média) est associée à l'athérosclérose (pathologie de l'intima). Ces phénomènes entraînent une augmentation de la pression pulsée par perte de la distensibilité artérielle.
Le pronostic de l'HTA est conditionné par le risque de complications cardio-vasculaires et cérébro-vasculaires, d'autant plus fréquent que le patient est plus âgé.
Les recommandations de l'ANAES soulignent l'intérêt de la prise en charge de l'HTA : en effet, les diverses études ont montré qu'en prévention primaire le traitement médicamenteux diminue notablement le risque d'AVC chez les sujets âgés de plus de 70 ans.
« Il faut traiter toutes les HTA - même celles qui surviennent à plus de 70 ans - la PA systolique étant le meilleur facteur prédictif du risque cardio-vasculaire, cérébral et rénal », a conclu le Pr Xavier Girerd.
D'après la communication du Pr Xavier Girerd (hôpital européen Georges-Pompidou, Paris).
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