L?’arrivée de la gauche au pouvoir ferait-elle bouger les lignes dans le domaine de la santé ? Curieusement, à moins de 50 jours du 1er tour, il est encore difficile de trancher. François Hollande demeure en effet prudent sur ses intentions pour la suite. Ainsi, dans le long discours qu’il a prononcé il y a un mois lors de son Forum Santé, il a procédé à un pilonnage en règle de la réforme Bachelot, mais il s’est bien gardé de dire qu’il supprimerait les ARS. Il a émis plus que des réserves sur la tarification à la pathologie dans les hôpitaux, mais il n’a pas vraiment dit ce qu’il ferait à la place. Certes, le candidat socialiste se découvre un peu plus sur le conventionnement limité en zones surdenses sur l’encadrement des honoraires libres, ainsi que sur la forfaitisation accrue de la rémunération du généraliste. Mais il n’est pas dit que, passées les élections, l’autre camp agirait si différemment...
Il y a pourtant un domaine sur lequel François Hollande affiche une complète originalité : celui des questions de société. Et, parce qu’elles touchent à la vie, à la mort et à la libre disposition de son corps, un bon nombre d’entre elles intéresse de près la santé. C’est sans doute là dessus qu’il faut donc attendre d’abord le prochain locataire de l’avenue de Ségur, s’il devait être socialiste... ou communiste ! Hollande avance sans hésitation sur ce terrain autrefois miné. Il est pour la légalisation de l’euthanasie, pour les recherches sur les cellules souches embryonnaires et pour l’extension de la PMA aux couples homosexuels, même si ce n’est pas tout à fait en ces termes qu’il s’exprime.
Hormis sur l’interdiction du joint, Hollande affiche donc un libéralisme sans détour. Un volontarisme qui tranche avec les atermoiements d’un Jospin en 1997. Et qui contribue à forger l’image d’un candidat «?tendance?», d’autant plus aisément que la bataille de l’opinion est gagnée sur la plupart de ces sujets. Pour le PS, ces réformes ont d’autres avantages : économiquement, elles ne coûtent rien, politiquement, elles séduisent aussi les écolos.
Enfin, elles permettent à une gauche en mal de ressort social de surfer malgré tout sur la vague progressiste: plus facile en 2012 de faire plaisir au bobo que de contenter le prolo... En face, Nicolas Sarkozy se campe pourtant en statue du Commandeur. On l’a pourtant connu plus souple sur les questions bio-éthiques. Mais il ne bougera pas. Comme si ces deux-là s’étaient distribués les rôles...
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