Réforme de la biologie

La bataille des SEL

Publié le 17/12/2008
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La réforme de la biologie, qui modifiera la loi de 1975, devrait voir le jour en 2009 et sera sans doute promulguée par voie d’ordonnances. Ce qui hérisse la plupart des organisations syndicales des directeurs de laboratoires.

Mais la grande affaire de 2008, aura été le débat sur l’ouverture à 100 % des capitaux des sociétés d’exercice libéral (SEL) à des personnalités extérieures à la profession. Pour la majorité des biologistes, cette réforme signifiera la fin de l’indépendance de la profession. Ce qui disent-ils, dans le domaine de la santé, est tout à fait inacceptable. D’où la demande d’audience adressée au Président de la République par Jean Parrot, Président de l’Ordre des pharmaciens, au nom de l’ensemble des institutions ordinales des professions libérales, pour mettre en garde le gouvernement et le chef de l’État.

Personne n’oublie en effet, et surtout pas les biologistes, que le candidat à l’élection présidentielle de 2007, Nicolas Sarkozy, s’était engagé dans une lettre au responsable du syndicat national des médecins biologistes, le Dr Claude Cohen, à ce que les financiers, extérieurs à la profession, ne puissent devenir majoritaires dans les SEL.

La pression de l’Europe

Les biologistes entendent bien rappeler cet engagement à l’actuel Chef de l’État. Reste que les autorités européennes ne l’entendent pas de cette oreille et mettent de plus en plus la pression sur le gouvernement français pour qu’il décide une réforme en ce sens.

Mieux, il y a quelques semaines, des experts de Bruxelles, après une plainte déposée auprès de la commission par la société Labco qui regroupe un certain nombre de laboratoires dans plusieurs pays d’Europe, ont perquisionné à l’Ordre des pharmaciens et chez le président de la section Biologistes de l’Ordre, Roberts Desmoulins, pour tenter de trouver des preuves d’ententes illicites. L’enquête est toujours en cours mais cette initiative montre l’ampleur des différents qui opposent les syndicats de biologistes, qui ont d’ailleurs crée une intersyndicale, à d’autres organisations type Labco et aux autorités européennes.

Le combat est-il perdu d’avance ? Les biologistes ne veulent pas le croire. Mais le fait que le gouvernement a décidé aujourd’hui de réformer la biologie sans débat pour se mettre au plus vite en conformité avec l’Europe montre que la tâche des organisations syndicales et de leurs adhérents sera très ardue en 2009. D’où sans doute l’appel qu’ils lancent aujourd’hui pour mettre habilement en garde l’ensemble du monde de la santé sur la réforme qui les menace : Après nous, ce sera à votre tour d’être mangé, disent-ils à l’ensemble des professionnels de santé. Ils n’est pas certain qu’ils aient tort.

JACQUES DEGAIN

Source : Le Quotidien du Médecin: 8483