U N décor inutilement lourd, un décalage d'époque parfaitement vide de sens sont les infimes défauts d'une production qui fonctionne d'autant mieux qu'elle est dominée par la personnalité d'un acteur hors norme.
Exactement comme dans « Feydeau Terminus » à Aubervilliers (voirle « Quotidien » du mercredi 7 mars), où Anouk Grinberg donne sa puissance étrange au spectacle, ici, Patrick Pineau qui joue Bois-d'Enghien, celui qui a « un fil à la patte » en la personne de la charmante chanteuse Lucette Gautier (Sylvie Orcier), donne au vaudeville toute sa puissance et toute son inquiétante bizarrerie. Tout le malheur, et la cascade de catastrophes qui s'abat sur le jeune homme, vient du fait qu'il n'a pas osé dire la vérité à sa belle : il se marie le soir même. « Le Figaro » du jour l'annonce, sa future belle-mère (Annie Perret) se mêle d'engager Lucette pour chanter tandis qu'un certain Bouzin (Philippe Morier-Genoud), clerc de notaire et rimailleur à ses heures, voulant caser quelques couplets, s'égare à glisser sa carte dans un bouquet somptueux qu'a reçu la diva de Caf'conc' de la part d'un admirateur au sang chaud, le général Irrigua (Gilles Arbona).
Feydeau tresse les fils, machiavélique. Tous ceux qui ne devraient, sous aucun prétexte se rencontrer, se rencontrent. Telle est la bonne mécanique de base du vaudeville. La pièce est un chef-d'œuvre écrit d'une plume grinçante, efficace, vive. On ne cesse de rire.
Lavaudant suit le texte, en toute fidélité, en s'appuyant sur une distribution solide, sa troupe. Chacun défend loyalement son personnage, sans jamais le juger. Il faut être sincère avec Feydeau. Patrick Pineau, on l'a dit, conduit le mouvement. Il y a dans cet acteur, rompu aux textes contemporains, une intelligence profonde de cet univers. Il y a en lui ce qu'il faut d'engagement et d'imperceptible décalage pour nous faire pressentir la folie délirante de l'univers de Georges Feydeau.
Théâtre de l'Odéon, du mardi au samedi à 20 heures, dimanche à 15 heures. Durée : 2 h 40 sans entracte (01.44.41.36.36). Jusqu'au 7 avril.
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