CONGRES HEBDO
La médecine basée sur des preuves se définit comme l'utilisation explicite et judicieuse des données de la science dans les décisions cliniques concernant les soins médicaux.
Ce nouveau concept, qui remonte au début des années 1990, consiste à avoir devant une situation donnée une stratégie rationalisée fondée sur une démarche scientifique.
Les niveaux de preuves ne sont pas strictement identiques dans tous les pays. En France, l'ANAES a fixé trois niveaux de preuves :
- le niveau 1, irréfutable : l'intérêt d'une stratégie diagnostique ou thérapeutique est démontré par des essais cliniques qui répondent aux normes méthodologiques idéales (essai randomisé en double aveugle contre placebo ou contre médicament comparateur pour la thérapeutique, par exemple), ou confirmé par une conférence de consensus ;
- le niveau 2 : les preuves de niveau 2 reposent sur des recommandations d'experts reconnus pour leur compétence sur un sujet pour lequel il n'y a pas eu de réelle démonstration ; ce sont des recommandations au sens large (RMO) ;
- le niveau 3 : les preuves de niveau 3 émanent de plusieurs experts ou reposent sur 2 ou 3 publications mais sur des cas peu nombreux.
En pratique, la médecine basée sur des preuves définit la probabilité de survenue d'un événement à partir de l'information disponible, informe sur les meilleures options diagnostiques ou thérapeutiques disponibles. Muni de ces informations, le médecin reste le décideur et chaque patient est un cas particulier qui n'entre pas forcément dans les protocoles.
Si les spécialistes connaissent bien les « guidelines » qui concernent leur domaine, les médecins généralistes ne peuvent connaître toutes les recommandations, d'autant qu'elles sont évolutives. Le recours à la médecine basée sur des preuves reste donc difficile au quotidien. Toutefois, la généralisation de l'informatique qui donne un accès facile aux banques de données devrait les aider dans cette démarche de recherche d'information.
En revanche, le concept de médecine basée sur des preuves est particulièrement intéressant pour la formation médicale initiale et pour la réactualisation des connaissances des médecins qui doivent être capables de se remettre en question, de savoir formuler un problème, chercher l'information, l'exploiter et prendre une décision grâce aux réponses trouvées et correctement évaluées.
L'« Evidence Based Medicine Journal », émanation du « Britrish Medical Journal », édité dans une version française, publie régulièrement des essais de la littérature internationale avec leur analyse et des commentaires qui peuvent aider les praticiens dans leur démarche diagnostique ou thérapeutique.
D'après un entretien avec le Pr Claire Le Jeunne, hôpital européen Georges-Pompidou, Paris.
Une méthode didactique et pédagogique
1) Se remettre en question.
2) Formuler de façon adéquate les questions pertinentes.
3) Chercher l'information :
- sélectionner les ressources ;
- rechercher dans ces ressources.
4) Exploiter l'information :
- évaluer le niveau de preuve (en maîtrisant quelques notions méthodologiques de base d'épidémiologie clinique) ;
- synthétiser l'information validée.
5) Individualiser la décision :
- sur la base du problème médical posé par un patient donné ;
- en prenant en compte son profil et ses préférences.
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