Aux médecins de famille de la société traditionnelle, ont succédé les hyper-spécialistes de la société moderne. La première était plus sécurisante, familiale ; la seconde, scientifique mais très instable.
Aujourd’hui, le médecin traitant doit garder les bénéfices des progrès scientifiques, mais s’imprégner de vertus de la médecine humaine pour aboutir à une prise en charge holistique de l’individu sénescent.
La sénescence est un « processus évolutif moléculaire et non une maladie », disait le Pr Bourliere. À ce stade, la médicalisation ne se justifie pas.
Mais, le sujet âgé, vulnérable, dépendant, handicapé, doit être pris en charge , dans la mesure du possible, dans son milieu naturel, en hospitalisation traditionnelle ou en EHPAD. Ainsi, le médecin traitant s’imposera dans la réflexion, les soins et l’action préventive.
La prévention doit être précoce. Il s’agit de retarder le phénomène du vieillissement et ses conséquences créatrices de dépendance physique, cognitive et sociale. Un maintien abusif à domicile est aussi grave pour l’individu et la société qu’une hospitalisation indue, un passage inopiné par le service des urgences ou un hébergement rapide et mal orienté.
Cette action préventive doit être individuelle et collective en agissant sur les facteurs de risques cardiovasculaires, les troubles de la marche, la malnutrition proteino-énergétique, l’ostéoporose, le déclin cognitif, la iatrogénie responsable de 20 % des hospitalisations chez les plus de 80 ans. L’approche globale et évaluative du patient âgé voire très âgé permet de cibler les problèmes fonctionnels c’est-à-dire les incapacités.
Les exercices de stimulation physique, sensorielle, cognitive et sociale jouent un rôle privilégié dans la plastie neuronale et l’arborisation dendritique.
Selon l’étude PAQUID réactualisée, la prévalence de la maladie d’Alzheimer et des syndromes apparentés est estimée à 18 % des plus de 75 ans, soit 800 000 cas en France. L’incidence est de 200 000 nouveaux cas chaque année. Un malade sur deux est diagnostiqué. Le dépistage en médecine générale présente des difficultés car il est chronophage. Le taux de détection varie de 18 % ( N. BOUSTANI ) à 58 % ( M. O’CONNORS).
Enfin, le médecin doit faire évoluer son mode de pensée, d’action et de prise en charge du patient âgé. La dépendance augmente à partir de 75 ans. Le généraliste est le gérontologue de première ligne et doit trouver des points d’appui à travers les CCAS, les CLIC, les services de soins infirmiers et d’aide à domicile, les réseaux ville - hôpital, les filières gériatriques intra-hospitalières…Il s’intéressera à l’économie, à l’urbanisme, à l’ergonomie, à la démographie, à la sociologie, à toutes les sciences qui font partie de la gérontologie; il pensera les problèmes de l’hébergement qui affecte 10 % des personnes de plus de 65 ans soit environ 700 000 personnes.
L’HAD, les soins à domicile, les structures de répit ( centre d’accueil de jour Alzheimer, hébergement temporaire…) sont des alternatives intéressantes, mais ils ne peuvent pas remplacer une hospitalisation classique ni l’hébergement déjà existant dont il faut améliorer le fonctionnement grâce notamment à une meilleure précision des missions du médecin coordonnateur d’EHPAD.
Le défi sera d’apporter une solution adaptée à notre temps, une réponse personnalisée, graduée en adéquation avec l’état de santé de nos patients âgés. Vaste chantier que de soigner, soulager, accompagner et protéger nos aînés.
Dr Jacques Santoni (Cannes)
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