L E XXe siècle peut-il être considéré comme le siècle de la libération de la sexualité et de la multiplication des expériences sexuelles ? Rien n'est moins sûr, selon le Dr Yves Ferroul (médecin sexologue, chargé de cours à la faculté de Lille). Avec un certain recul, les pratiques sexuelles n'y sont pas si différentes que celles qu'ont vécues des générations de femmes et d'hommes, célibataires ou mariés, depuis vingt-cinq siècles. « Néanmoins, certaines coutumes autrefois admises sont aujourd'hui dévalorisées, et vice versa, notamment en raison de l'existence de la contraception et de la fréquence bien moindre des infections génitales », explique-t-il.
« Et, parmi les changements de mentalité à prendre en compte, il y a certainement le fait de vouloir vivre la sexualité uniquement au sein du couple, ce qui n'était pas le comportement majoritaire de nos ancêtres dans l'Antiquité. »
Les Grecs distinguaient les différents rôles féminins et les attribuaient à plusieurs femmes : une était la mère, une autre la partenaire sexuelle et la troisième l'accompagnatrice des mondanités...
Plus de liberté et de franchise que de nos jours
Comme l'illustrent largement les fresques érotiques les plus célèbres de Pompéi, les manifestations sexuelles s'y expriment avec plus de liberté et de franchise que de nos jours. Les allusions naturelles et fréquentes aux plaisirs de l'amour sont présentées comme un hommage à certaines divinités.
Les Romains, quant à eux, n'ont jamais valorisé la sexualité et limitaient la femme au rôle de mère. Les responsables chrétiens ont ensuite continué à prôner cette séparation des rôles, favorisant certainement l'existence jusqu'à des temps relativement récents, de maisons closes.
Ce n'est que depuis quelques décennies que le couple est devenu le théâtre exclusif des différentes expériences sexuelles. « Si certaines femmes sont heureuses d'être à la fois la femme, la maîtresse et la mère des enfants... et certains hommes ravis de ne plus cliver leur vie, explique le Dr Ferroul , il n'en va pas de même pour tous les couples. » La chambre conjugale serait-elle devenue un huis clos ?
Le couple moderne ne se retrouve pas facilement dans des modèles socioculturels préétablis car les codes de réussite et de bonheur sont très mouvants et soumis aux modes. « Par un jeu de bascule socioculturel, nous sommes passés de l'image du couple parental judéo-chrétien à un couple d'amants, explique Marie Chevret-Measson , psychiatre et sexologue . Et ce nouveau couple à la fois parental, économique, émotionnel ou érotique, peut certes maîtriser sa reproduction, mais se retrouve souvent face à une réalité tout autre : la panne du désir et la non-réalisation des fantasmes. »
La réussite sexuelle, un préalable à l'épanouissement
Cela explique en partie les difficultés d'épanouissement sexuel rencontrées par nos contemporains, renchérit le Dr Philippe Brenot, psychiatre et anthropologue à Bordeaux. Ils sont plus exigeants dans la mesure où la réussite de la sexualité est devenue l'une des conditions préalables à l'épanouissement personnel, du fait de l'effacement relatif des préoccupations traditionnelles des familles : fécondité, stérilité, emploi, situation matérielle, confort... « Les hommes et les femmes vivent comme ils peuvent cette nouvelle sexualité, ce nouveau rapport à l'autre, différent en image, en pensée, en réactions, a-t-il conclu. L'épanouissement de la sexualité devient une obligation et un droit. »
* Un séminaire d'information sur le thème « La sexualité : abords socioculturels et médicaux » organisé par Sylvia Cukier, Marc Lefrançois et Jean-Louis Petit des Laboratoires Pfizer, avec la collaboration de Publicis Consultants.
L'ADIRS, une association lilloise qui informe sur les problèmes de sexualité
Née grâce à un groupe de sexologues, l'ADIRS (Association pour le développement de l'information et la recherche sur la sexualité) est une association qui donne des informations aux médecins et au grand public, conseille et oriente. L'ADIRS a édité pour les patients par ailleurs une brochure sur « Les problèmes d'érection, dysfonction érectile ou impuissance », disponible sur demande, qui rappelle et explique de manière particulièrement didactique, en une trentaine de pages, la physiopathologie, les principales étiologies, les examens de base et les traitements disponibles, ainsi que le déroulement d'une consultation pour troubles de l'érection.
Pour plus d'informations :
- Un Numéro Indigo est accessible au 0.825.00.00.10.
- Le site ADIRS : www.adirs.org
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