Une étude originale provenant de l’ACC

L’acide ursodésoxycholique testé dans l’insuffisance cardiaque

Publié le 02/02/2012
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LA SOCIÉTÉ Européenne de Cardiologie (ESC) invite à s’intéresser à une publication surprenante parue dans le Journal of the American College of Cardiology (ACC), où est abordée une nouvelle approche pour améliorer la fonction endothéliale dans l’insuffisance cardiaque (IC).

Stephan von Haehling (Berlin, Allemagne) a utilisé l’acide ursodésoxycholique (AUDC) en se fondant sur le rationnel suivant : la congestion abdominale de l’IC entraîne une perméabilité de l’intestin permettant aux endotoxines produites par les gram- de pénétrer dans la circulation, ce qui augmente les cytokines pro-inflammatoires et peut exacerber les symptômes de l’IC. L’AUDC peut former des micelles autour des bactéries gram-, ce qui devrait en théorie améliorer l’état biologique.

Von Haehling et coll. ont coordonné une étude internationale en double aveugle pour mesurer les effets de l’AUDC sur la fonction endothéliale et les marqueurs de l’inflammation. Cela a concerné 17 patients souffrant d’insuffisance cardiaque chronique. Ils ont reçu 500 mg d’AUDC deux fois par jour pendant 4 semaines, puis un placebo 4 semaines de plus.

Amélioré le flux sanguin post-ischémique.

Par comparaison, l’AUDC a significativement amélioré le flux sanguin post-ischémique dans l’avant-bras (p = 0,038), et a montré une tendance à l’amélioration dans la jambe (p = 0,079).

En revanche, il n’y a pas eu d’amélioration de l’épreuve de marche de 6 minutes, ni dans la classification NYHA de la gravité de l’IC. Les taux de TNF et d’IL6 ne se sont pas modifiés.

Le Pr Maggioni, de l’European Society of Cardiology, a remarqué que le faible nombre des participants rend l’analyse statistique non fiable. Mais comme certains résultats ont été observés, il est intéressant de poursuivre la recherche sur un plus grand nombre de patients. Et de s’intéresser à la question : « des doses plus importantes données pendant plus longtemps pourraient-elles produire des résultats plus nets ? »

L’IC demeure un défi thérapeutique, avec une mortalité annuelle de 5 à 8 %. L’AUDC pourrait s’ajouter aux autres traitements (IEC, défibrillateur implantable, anti-aldostérone, bêta-bloquant, inhibiteurs du récepteur de l’angiotensine II), car ce médicament a un mode d’action complètement différent.

Jusqu’ici, une quinzaine d’étude avaient exploré une modification de l’inflammation dans l’insuffisance cardiaque, en utilisant des agents anti-inflammatoires, des antibiotiques et des statines, mais seuls des résultats neutres étaient apparus, voire une aggravés.

J Am Coll Cardiol, 7 février 2012 ; 59 : 585.

Dr BÉATRICE VUAILLE

Source : Le Quotidien du Médecin: 9077