Pour un peu, on dirait que le président a entendu les généralistes de notre enquête… Lorsqu’on leur a demandé en décembre ce qui manquait le plus au tableau de chasse de Nicolas Sarkozy en matière sociale ou sanitaire, près de la moitié de nos sondés ont, en effet, cité spontanément le chantier du financement de la protection sociale. Une réforme qui paraissait avoir été sacrifiée sur l’autel de la crise et que le chef de l’Etat relance donc in extremis ce mois-ci. Avec l’énergie du désespoir, diront ses détracteurs. Ces derniers temps, c’est en effet chez François Hollande que vos représentants syndicaux font antichambre, accréditant une impression diffuse de fin de règne qui – à 80 jours du premier tour – est peut-être hâtive...
Les généralistes que nous avons interrogés sur le quinquennat qui s’achève ne manquent en tout cas pas de bon sens. Pour aride et technique qu’elle puisse paraître, la question des recettes de la Sécu n’est en effet pas sans lien avec ce qu’ils vivent au quotidien. D’abord parce qu’ils sont confrontés de plus en plus aux problèmes d’accès aux soins. Or, comme on le voit avec le secteur optionnel qui patine, l’absence de ressources supplémentaires conduit inéluctablement à une régression des prises en charge. La profession sait aussi qu’elle ne retrouvera pas son attractivité sans moyens nouveaux. Cela passe, entre autres, par une progression de la rémunération. Et sous cet angle, notre médecin de famille a encore du chemin à faire pour se rapprocher des revenus du GP’s britannique.
Indispensables grandes manœuvres budgétaires?! La terrible agence américaine Standard and Poor’s vient d’ailleurs cette semaine de montrer du doigt le caractère dispendieux des systèmes de protection sociale occidentaux. De ce point de vue, le troc hausse de la TVA et de la CSG contre réduction des charges patronales pourrait calmer S&P. À la niche, le cerbère ! La piste est tentante tant il est vrai que le coût du travail est emblématique du mal français. Mais pourquoi diable lancer ce programme à la hâte ? Si c’est la bonne équation pour endiguer le chômage, n’aurait-on pu le faire avant ? Et si c’est la crise qui a empêché de mettre en place plus tôt cette trouvaille, fallait-il tout changer au plus fort de la récession ? Avec de surcroît la certitude que rien ne sera effectif avant la présidentielle et que tout pourra être remis en cause après…
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