De notre correspondant
L E rapport établi par le parlementaire britannique Lord Ponsonby souligne que les migrants et les réfugiés, généralement originaires de pays pauvres et issus de milieux défavorisés, cumulent des handicaps aggravés par un difficile accès aux soins dans la plupart des pays où ils s'installent.
« Emportant » souvent avec eux les profils sanitaires de leur pays d'origine, « maladies de la pauvreté » comme la tuberculose et l'hépatite, mais aussi affections liées à une alimentation insuffisante et à de mauvaises conditions de logement et d'hygiène, les migrants subissent « l'impact sanitaire de leur déracinement », en particulier sur le plan de la santé mentale.
Au Royaume-Uni, les taux d'hospitalisation en psychiatrie sont douze fois plus élevés chez les personnes d'origine caraïbe que chez les « Anglais de souche » ; aux Pays-Bas, les enfants surinamiens ont un taux de suicide 27 fois plus élevé que les enfants néerlandais, et le taux de suicide des étrangers est en moyenne de deux à six fois supérieur à celui des autochtones dans ces deux pays.
Les migrants sont surreprésentés parmi les victimes d'accidents du travail - en France, plus de 30 % des accidents du travail se soldant par des incapacités permanentes concernent des travailleurs non français -, ainsi que pour les accidents en général, notamment chez les enfants.
Pourtant, rappelle ce rapport, peu de pays ont établi des politiques de santé intégrées concernant les migrants et les réfugiés ou adapté leurs services sanitaires à leurs besoins sociaux et culturels. L'accès aux soins, parfois difficile pour les migrants légaux, est encore plus problématique pour les clandestins et doit, lui aussi, être étudié de manière approfondie, rappelle le Conseil de l'Europe.
Un réseau européen d'informations
L'organisation appelle ses Etats membres à élaborer des programmes d'information spécifiquement destinés aux migrants, afin de leur rappeler leurs droits en matière de couverture sociale et sanitaire ; en coopération avec les associations de migrants, les Etats devraient financer la formation à l'éducation à la santé de personnels issus des communautés migrantes et favoriser la diffusion de documentation sanitaire adaptée à ces communautés. De même, les migrants devraient être encouragés à participer activement aux programmes nationaux et locaux de prévention, tandis que les soignants devraient, eux aussi, être sensibilisés aux problèmes spécifiques des migrants. Les Etats sont invités à « examiner de plus près le problème des obstacles culturels à l'accès aux soins », y compris la question de la traduction lors des consultations.
Enfin, le Conseil de l'Europe estime qu'il faut faciliter et normaliser l'accès de tous les migrants aux tests de dépistage et améliorer les politiques de protection des migrants face aux risques professionnels. Il entend, en coopération avec les associations de migrants, présenter des « lignes directrices » susceptibles d'améliorer la santé des migrants et souhaite établir un réseau européen d'informations concernant les conditions de santé et d'accès aux soins des migrants et des réfugiés.
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