Le médecin généraliste, fantassin des causes perdues, est un inépuisable filon pour le cinéma. C'est aussi un miroir où se réfléchissent tous les maux de la société. Alors que la politique a depuis longtemps baissé la garde sur tout ce qui ronge le lien social, le médecin de famille répare, bricole comme il peut les corps meurtris par la misère du monde. Un jour ou l'autre, les frères Dardenne n'allaient donc pas manquer de s'emparer de la figure du médecin, héros du quotidien, Certes le scénario est abracadabrantesque. Comment croire à cette histoire de jeune femme médecin qui endosse le costume de justicière prête à affronter seule gros bras et réseaux en tout genre, armée seulement de son bon sens clinique ? Certes la culpabilité, celle de ne pas avoir ouvert son cabinet à une femme en détresse tout simplement parce que les consultations étaient terminées depuis une heure peut changer un destin. Mais qu'importe les rebondissements de ce faux thriller. Ici seule compte l'attention à l'humain, la rencontre improbable devenue possible grâce ou à cause de ce métier pas encore ubérisé.
La jeune médecin est ici un medium, à l'image d'une chambre noire du photographe. Et sert de révélateur. Son courage, sa conviction impose aux autres personnages de sortir du déni ou de la lâcheté. Pour les frères Dardenne, sauver les corps exige aussi de soigner les âmes. Faut-il alors parler de vocation religieuse, d'engagement pour cet éloge d'une profession, dernier rempart ou presque face à la déshumanisation qui progresse à la vitesse d'un cancer.
La fille inconnue, un film de Jean-Pierre et Luc Dardenne, avec Adèle Haenel ; Diaphana distribution, 19,99 euros.
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