CLASSIQUE
PAR OLIVIER BRUNEL
D ERNIER-NE des supports audiovisuels, le DVD (digital versatile disc) a déjà détrôné sur le marché international du cinéma, vidéocassette et vidéolaserdisc. Il s'attaque au marché de l'opéra et du ballet mais aussi du concert filmé et chaque jour voit paraître de nouveaux titres, nouveautés ou rééditions. Utilisant une gravure plus fine que le CD il peut contenir jusqu'à quatre fois 135 minutes de film par unité, soit largement la totalité d'un opéra sur un seul DVD. La qualité de l'image est supérieure en netteté, contraste, couleurs et résolution aux supports plus anciens. Celle du son peut être améliorée à l'infini selon le type d'installation sonore liée au téléviseur.
Un « Requiem » écossais
Filmé par la BBC en 1982 lors d'un concert du Festival international d'Edimburgh, la « Missa de Requiem » bénéficie d'une qualité d'image et de son exceptionnelle que permettent l'acoustique et les grands dégagements du Usher Hall. Claudio Abbado dirige le London Symphony Orchestra avec des raffinements inouïs, parfois au détriment de l'ensemble. Le quatuor vocal est pour les années quatre-vingt ce que l'on pouvait faire de mieux, cent coudées au-dessus de ce que le même chef a aligné à Berlin le 27 janvier dernier lors de la commémoration du centenaire de la mort de Verdi. La grâce angélique du soprano de Margaret Price s'apparie avec les teintes sombres du mezzo de Jessye Norman. José Carreras au sommet de sa carrière et Ruggero Raimondi sont à peine un cran au-dessous du duo de dames. C'est un spectacle d'une grande ferveur (1).
« Macbeth » et « Traviata » : feu et sang
Spectacle vedette en 1980 du Deutsche Oper Berlin (à l'époque du « Mur » l'opéra du secteur occidental de la ville), mis en scène par Luca Ronconi, star du théâtre moderne italien et dirigé par le jeune Giuseppe Sinopoli qui y faisait ses débuts lyriques, ce « Macbeth » a bien vieilli. Enregistré en 1987 avec une distribution largement modifiée, avec ses costumes historiques de couleur sang dans un dépouillement scénique très efficace, c'est un grand moment de théâtre servi par des voix à la hauteur des exigences de l'uvre. Renato Bruson, grand spécialiste du rôle de Macbeth, Mara Zampieri, Lady sanguinaire, James Morris et Dennis O'Neill rivalisent de dramatisme dans cette tragédie shakespearienne rehaussée par la sombre musique de Verdi (2).
Reflet d'une représentation de 1993 au Teatro La Fenice de Venise, où l'uvre fut créé en 1853, cette production de « La Traviata » signée pour la mise en scène et les décors par Pier Luigi Pizzi est très colorée. Edita Gruberova est loin d'être une star de cinéma, mais sa Violeta est une des plus virtuoses et mieux chantante que l'on peut entendre. La scène avec le père Germont, interprété avec beaucoup de sobriété et la voix idéale pour le rôle par le baryton italien Giorgio Zancanaro, est très émouvante (3). En attendant mieux, c'est à dire la réédition de celle de Georg Solti publiée sur vidéolaserdisc par Decca par avec Angela Gheorghiu.
Deux monstres du répertoire du Metropolitan Opera pour « Le Trouvère »
En 1988, dans les décors monumentaux d'Ezio Frigerio et l'esthétique néoréaliste du Metropolitan Opera de New York, quatre grosses pointures du chant international se partageaient « Le Trouvère ». L'ambiance y est moins folle que dans « Une Nuit à l'opéra » des Marx Brothers, mais vocalement, chacun assure sa part. Dans le rôle titre Luciano Pavarotti (4), encore dans une période glorieuse et Dolora Zajick en Azucena sont les meilleurs atouts de ce spectacle dirigé avec beaucoup d'énergie et de contrastes par James Levine.
Le Nil, au Metropolitan Opera de New York en 1988, savait se faire respecter. Pas une pierre ne manque aux temples, ni un galon aux tuniques des guerriers égyptiens. Le quatuor vocal est solide et bien chantant dominé par le Radamès de Pl[135]cido Domingo (5). Aprile Millo, Dolora Zajick, Sherrill Milnes étaient l'ordinaire du Met dans ces années là ; Paata Burchuladze et Dimitri Kavrakos font plus exotiques. James Levine dirige son monde avec efficacité et donne une vraie vision dramatique à l'ensemble malgré la lourdeur de l'élément décoratif.
« Don Carlos » : une curiosité musicologique
Le « Don Carlos » présenté au Théâtre du Châtelet en 1996 revient à la version originale en français, créé à Paris en 1867. Luc Bondy avait conçu un spectacle esthétisant avec de belles références picturales, dont la direction d'acteurs minutieuse et théâtrale passe très bien à l'écran. Roberto Alagna est un Infant très crédible tant physiquement que vocalement, Thomas Hampson en Posa également. José Van Dam donne au Roi Philippe II une austérité et une noirceur toutes hispaniques. Karita Mattila et Waltraud Meyer sont un peu étrangères au style, il est vrai très hybride, de l'opéra verdien dans sa version française. Antonio Pappano sait mener l'Orchestre de Paris vers de sommets dramatiques (6). Un superbe spectacle mais une curiosité musicologique.
(1) Arthaus musik. 1 DVD.
(2) Arthaus musik. 1 DVD.
(3) NVC Arts/Warner. 1 DVD.
(4) Deutsche Grammophon/Universal. 1 DVD.
(5) Deutsche Grammophon/Universal. 1 DVD.
(6) NVC Arts/Warner. 1 DVD.
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