L E virus La Crosse a été isolé pour la première fois dans le cerveau d'un enfant de 4 ans mort d'une « encéphalite rurale » à La Crosse dans le Wisconsin (Thomas et coll., « Am. J. Epidemiol. », 1965 ; 81 : 245-253). D'où le nom donné à la maladie.
Ce virus est transmis par un moustique, Aedes triseriatus, et provoque la plus fréquente des arboviroses de l'enfant en Amérique du Nord. Toutefois, l'encéphalite La Crosse est souvent méconnue. En effet, le virus n'est pas retrouvé dans le liquide céphalorachidien. De plus, la maladie peut mimer soit une méningite à entérovirus dans sa forme modérée soit une méningite herpétique dans sa forme sévère.
Actuellement, aucun médicament n'a été approuvé par les autorités américaines.
En 1987, la mort d'un enfant atteint d'encéphalite La Crosse a conduit à la mise en place d'un programme de surveillance qui a révélé que la maladie était hautement endémique dans l'ouest de la Virginie (incidence : de 20 à 30 cas pour 10 000 enfants de moins de 15 ans).
Hyponatrémie et fièvre : danger
Maintenant, l'encéphalite La Crosse a été rapportée dans vingt-huit Etats américains ; dans des zones endémiques, l'incidence dépasse celle des méningites bactériennes avant l'introduction du vaccin anti- Haemophilus influenzae.
C'est dans ce contexte que l'équipe de James McJunkin a, sur une période de dix ans (entre 1987 et 1996), pris en charge 127 patients atteints par cette encéphalite (diagnostic sérologique) et les a hospitalisés. Les auteurs décrivent maintenant l'histoire naturelle de cette maladie dans le « New England Journal of Medicine ».
La plupart des patients étaient d'âge scolaire (moyenne : 7,8 ± 3,5 ans ; de 0,5 à 15 ans).
Les symptômes incluaient des céphalées, des maux de tête, de la fièvre et des vomissements (tous observés chez 70 % des patients), des convulsions (46 % des cas) et une désorientation (42 %).
Treize pour cent avaient une méningite aseptique. Une hyponatrémie est survenue chez 21 % et il y avait des signes d'hypertension intracrânienne chez 13 % ; six patients, dont trois ayant une hernie cérébrale, ont eu un contrôle de la pression intracrânienne.
Treize patients (11 %) ont eu une dégradation de leur état au cours de l'hospitalisation ; tous avaient une hyponatrémie (p = 0,007) et de la fièvre (p = 0,003) au moment de la détérioration. A l'admission, ces patients avaient, plus souvent que les autres, eu des vomissements (p = 0,047) et un score de Glasgow de 12 ou moins (p = 0,02). La durée moyenne d'hospitalisation a été de six jours.
Déficit neurologique à la sortie
Quant à l'évolution, si tous les patients ont survécu, 15 (12 %) avaient un déficit neurologique à la sortie. Au cours du suivi chez 28 patients, les tests ont suggéré des troubles cognitifs et des troubles du comportement de dix à dix-huit mois après l'encéphalite.
« Notre expérience, indiquent les auteurs, suggère que l'encéphalite La Crosse peut être largement méconnue, non seulement en termes de prévalence mais aussi en termes de sévérité : environ un sur quatre de nos patients ont dû être intubés, un sur quatre de ceux qui ont convulsé avaient un statut épileptique et trois (2,4 % avaient une hernie cérébrale. »
Dans ce travail, le patient typique était un garçon d'âge scolaire vu pour des maux de tête et de la fièvre apparus trois ou quatre jours auparavant, avec vomissements depuis un ou deux jours accompagnés de désorientation et de convulsions le jour de l'admission.
« Nos résultats confirment que l'encéphalite La Crosse peut simuler une encéphalite herpétique avec fièvre, signes en foyer ou épilepsie focale chez près de la moitié des patients et une pléiocytose hémorragique chez environ un sur quatre. »
Les auteurs soulignent que les formes modérées peuvent être confondues non seulement avec une méningite à entérovirus mais aussi avec une méningite bactérienne (hyperleucocytose, élévation de la protéine C réactive).
« Il faudrait penser à l'encéphalite La Crosse chez les enfants présentant une méningite ou une encéphalite aseptique. L'hyponatrémie et la fièvre peuvent être liées à la détérioration clinique », concluent les auteurs.
« New England Journal of Medicine » du 15 mars 2001, pp. 801-807.
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