Le sens du sacrifice

Publié le 03/02/2012
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Par une belle soirée hivernale, l’ensemble des médecins libéraux de mon département a été invité à une discussion conjointe syndicat et Sécurité Sociale à propos de la nouvelle convention. Ayant répondu favorablement à cette invitation, je me suis déplacé pour écouter la bonne parole.

Un des responsables de la Caisse a donné dès le départ le ton. Ainsi, il a remercié les médecins qui s’étaient déplacés, et nous a dit être reconnaissant « d’avoir fait le sacrifice d’un ou de deux patients ».

Que voulait-il dire par le terme faire le sacrifice ? Si nous nous référons au dictionnaire Larousse, faire le sacrifice, c’est avant tout sacrifier ses intérêts.

Deux explications viennent alors à mon esprit :

- soit il a voulu nous remercier du fait d’avoir accepté de perdre 46 euros ;

- soit il a souhaité nous expliquer que pour venir, nous nous sommes permis de bâcler les 2 derniers patients.

Tout cela pour dire, qu’il a une haute opinion de notre profession, et oublie parfois qu’être généraliste s’apparente à un sacerdoce.

Non, jamais un cadre administratif ne comprendra les véritables sacrifices que nous faisons pour soigner nos concitoyens ; ne refusant jamais de soigner l’indigent.

Il est sûr que dans sa tour d’ivoire avec son traitement mensuel, il ne peut voir la réalité des choses.

Je commence alors à comprendre pourquoi nos jeunes confrères refusent de travailler comme des forçats, et se faire traiter de la sorte.

Dr Pierre Frances, Banyuls-sur-Mer (Pyrénées-Orientales)

Source : lequotidiendumedecin.fr