Douleurs dans l'endométriose

L'enjeu, un diagnostic rapide

Par
Publié le 22/09/2016
Article réservé aux abonnés
endométriose

endométriose
Crédit photo : PHANIE

Symptomatique ou asymptomatique, alors découverte à l’occasion d’un bilan d’infertilité par exemple (c'est la première cause d’infertilité), l’endométriose concerne une femme sur 10 de 15 à 50 ans, soit 4 à 6 millions de femmes en France qui, pour 80 % d’entre elles, souffrent de dysménorrhée, le principal symptôme d’une endométriose.

L’âge moyen au diagnostic étant de 30 ans. « Le délai diagnostique est de 7 à 10 ans, une longue période durant laquelle qualité de vie et fertilité sont compromises », regrette-t-elle. Les douleurs peuvent débuter dès les premières règles ; elles sont d’un cycle à l’autre de même intensité ou deviennent plus fortes. Peuvent apparaître une dyspareunie et/ou des douleurs pelviennes chroniques, celles-ci survenant au moment de l’ovulation et avant les règles, puis à tout moment du cycle. Des troubles digestifs (constipation ou dyskinésie) et/ou urinaires (dysurie) peuvent signaler l’atteinte d’autres organes.

C’est dès l’interrogatoire que le diagnostic doit être systématiquement évoqué, sur des douleurs cycliques, qui coïncident avec la période des règles. Des douleurs qui obligent toujours à un traitement antalgique, au-delà du « simple » paracétamol (sinon efficace sur des douleurs de règles « normales »). Des douleurs qui conduisent les jeunes filles tous les mois à l’infirmerie du lycée et provoquent un absentéisme scolaire*, des arrêts de travail ensuite. L’examen clinique est orienté par l’interrogatoire : inspection au spéculum où l’on voit le col et surtout le sac vaginal postérieur où siègent habituellement les lésions vaginales, zones bleuâtres ou rétractiles inflammatoires ; au toucher vaginal, l’on palpe des indurations rétro cervicales. « Le gynécologue spécialiste de l’endométriose complète l’examen par un toucher rectal grâce auquel on accède mieux à cet espace en particulier », précise le Dr Zacharopoulou. Enfin, une échographie endovaginale (réalisée par un spécialiste formé à l’endométriose) permet d’explorer le sac de Douglas et la zone rétrovaginale. « La découverte d’une endométriose est plus facile à l’IRM qu’à l’échographie endovaginale pour un radiologue non expert », note la spécialiste.

Théorie de la « menstruation rétrograde »

Sachant que l’endométriose de chacune est différente, l’intensité des symptômes n’étant pas corrélée au volume des lésions… On connaît peu les mécanismes à l’origine de ces douleurs et l’on s’appuie aujourd’hui sur des théories. Et volontiers sur l’une d’entre elles, celle de la « menstruation rétrograde » selon laquelle les cellules endométriales éparpillées dans la cavité abdominopelvienne à la période des règles et normalement détruites par le système immunitaire, ne le sont pas, croissent et se multiplient au fil des cycles, sous l’influence des estrogènes.

Le traitement est univoque : antalgique et anti-inflammatoire non stéroïdien pour commencer, puis une pilule estroprogestative ou, mieux, un contraceptif progestatif en continu per os, qui bloque l’ovulation. Le climat hypoestrogénique ainsi créé stabilise les lésions, mais ne les fait pas disparaître puisque d’autres organes sécrètent de l’œstrogène. Les jeunes femmes traitées doivent être surveillées une fois par an pour évaluer la douleur, discuter d’un éventuel désir de grossesse et pour un contrôle radiologique. La douleur produite par cette maladie chronique est une affaire très personnelle que chacune soulage à sa manière, par des médicaments certes, mais encore des techniques d’accompagnement si elle le souhaite, sophrologie, acupuncture, etc.

* Une convention vient d’être signée entre l’Éducation nationale et l’association Info Endométriose pour la diffusion d’affiches, flyers, brochures et modules de formation, www.info-endometriose.fr

Dr Brigitte Blond

Source : Le Quotidien du médecin: 9519