La semaine dernière c’était la première fois pour le Dr Philippe Parmentier. Cet ancien médecin généraliste, jeune retraité de 63 ans, a répondu présent à l’appel de l’Eprus (Établissement de préparation et de réponse des urgences sanitaires). Sa mission ? Épauler le Samu Social de Lille et aller à la rencontre des sans-abri. En effet, depuis le 1er février, le niveau 2 du plan grand froid, mis en œuvre lorsque la température est négative le jour et comprise entre -5 °C et -10 °C la nuit, a été déclenché dans plusieurs départements par les préfets. Et cet hiver, pour la première fois, les travailleurs sociaux sont accompagnés, sur le terrain, de médecins à la retraite.
Sur le territoire français 12 grandes villes sont concernées par le dispositif : Paris et la petite couronne mais aussi Lyon, Marseille, Lille, Bordeaux, Toulouse, Nantes, Montpellier, Strasbourg, Metz, Nancy, Rennes. Sur les 3 254 réservistes que compte l’Eprus (dont 350 jeunes retraités), 150 médecins ont dit oui mais seulement 36 ont finalement été mobilisés. Parmi eux, un sur trois est un ancien médecin généraliste. Recueillis dans la Salle des fêtes de la mairie de Wattrelos, près de Roubaix, dans le Nord, 9 personnes sans-abri ont donc été examinées par le Dr Parmentier. Et le courant est miraculeusement passé. Il a même été « facile », selon le praticien qui a affirmé avoir rencontré des personnes sans-abri manifestement « bien soignées » et conscientes de leurs pathologies respectives. Le praticien à la retraite « ne regrette pas » sa participation au dispositif, au contraire. En outre, pour la journée de travail effectuée, il devrait recevoir une indemnisation d’environ 200 euros, même si ce n’est pas cela qui l’a motivé, comme les autres réservistes de l’Eprus, à braver le froid pour aller à l’encontre des plus démunis.
Pandémies grippales, canicule et cette semaine de grand froid... L’établissement, qui dépend du ministère de la Santé, travaille main dans la main avec plusieurs associations, comme le Samu social ou la Croix Rouge. Le but c’est « d’assurer une réserve sanitaire opérationnelle, en cas de catastrophe sanitaire, sans pour autant désorganiser les structures de soins classiques », comme l’explique Bruno Lartigue, en charge, depuis trois ans, de la réserve sanitaire de l’Eprus qui cherche notamment à recruter des médecins retraités depuis moins de 5 ans. Les jeunes retraités mobilisés ont donc bénéficié d’une formation par Internet (ou d’un envoi de documents par voie postale) destinée à les sensibiliser à la prise en charge des personnes sans-abri.
Déjà, seulement quelques jours après les premiers pas du dispositif de maraude sociale, les remontées sont plutôt positives et les associations semblent satisfaites, selon l’Eprus, de cette collaboration : « la parole du médecin a une force et une portée symbolique », affirme Bruno Lartigue. «L’essentiel du travail est d’établir une relation, une acceptation du médecin de la part de la personne sans-abri» explique-t-il. Ce n’est pas tellement la technicité qui est recherchée mais l’humanité et le «relationnel», le but n’étant pas de traiter mais de prévenir toute urgence vitale.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature