Grand froid

L’Eprus mobilise les médecins

Publié le 07/02/2012
Alors que le niveau 2 du plan grand froid a été déclenché dans plusieurs départements, les maraudes s’intensifient auprès des SDF avec, cette année, une nouveauté : des médecins à la retraite, réservistes de l’Eprus (Établissement de préparation et de réponse des urgences sanitaires) épaulent désormais les bénévoles des associations.

La bourde a fait le tour du web : la secrétaire d’État à la santé Nora Berra a conseillé, sur son blog, aux « personnes les plus vulnérables », parmi lesquelles les sans-abri (sic) de ne pas sortir de chez elles en cas de grand froid. On a beau en rire, la vague de froid qui touche la France depuis une semaine, a déjà provoqué la mort de quatre personnes, dont deux patienst Alzheimer et un SDF probablement décédé d'hypothermie. Depuis le 1er février, le niveau 2 du plan grand froid, mis en oeuvre lorsque la température est négative le jour et comprise entre -5 °C et -10 °C la nuit, a été déclenché dans plusieurs départements par les préfets. Mais cet hiver, pour la première fois, les travailleurs sociaux ne sont pas seuls sur le terrain. Des médecins à la retraite, qui se sont portés volontaires en se faisant connaître auprès de l’Eprus (Établissement de préparation et de réponse des urgences sanitaires), ont été « réquisitionnés » pour aller à la rencontre des sans-abri.

Sur le territoire français 12 grandes villes sont concernées par le dispositif : Paris et la petite couronne mais aussi Lyon, Marseille, Lille, Bordeaux, Toulouse, Nantes, Montpellier, Strasbourg, Metz, Nancy et Rennes. Sur les 3 254 réservistes que compte l’Eprus (dont 350 jeunes retraités), 150 médecins ont répondu présent pour cette mission de maraude sociale. En tout, 36 médecins ont été mobilisés. Parmi eux, un sur trois est un ancien médecin généraliste. Pandémies grippales, canicule et cette semaine grand froid... L’établissement, qui dépend du ministère de la santé, cherche à étoffer ses ressources pour répondre efficacement aux appels des associations. L’Eprus travaille en effet main dans la main avec plusieurs associations, comme le Samu social ou la Croix Rouge. Les directions départementales de la cohésion sociale font remonter à l’Eprus les besoins de ces associations en termes de médecins. Le but c’est « d’assurer une réserve sanitaire opérationnelle, en cas de catastrophe sanitaire, sans pour autant désorganiser les structures de soins classiques », comme l’explique Bruno Lartigue, en charge, depuis trois ans, de la réserve sanitaire de l’Eprus qui cherche notamment à étoffer cette ressource et à recruter des médecins retraités depuis moins de 5 ans.

Les retraités volontaires mobilisés ont donc bénéficié d’une formation par Internet (ou d’un envoi de documents par voie postale) destinée à les sensibiliser à la prise en charge des personnes sans-abri. Et déjà, seulement quelques jours après les premiers pas du dispositif de maraude sociale, les remontées sont plutôt positives et les associations semblent satisfaites, selon l’Eprus, de cette collaboration : « la parole du médecin a une force et une portée symbolique », ce qui aide le travailleur social dans son travail avec les sans-abri. Mais, Bruno Lartigue l’admet, le dispositif est « complexe » et sa mise en oeuvre encore « balbutiante ». Il s’agit, en effet, pour l’instant, d’un dispositif expérimental : « il faudra qu’on tire des leçons de cette expérience pour l’adapter très vite » affirme-t-il. Le dispositif de maraude sociale restera en place au moins jusqu’au week-end prochain.

Giulia Gandolfi

Source : lequotidiendumedecin.fr