Une affaire vient illustrer la difficulté de mettre en œuvre concrètement les protocoles de coopération avec transfert de tâches à la clé entre médecins et professions paramédicales.
Le Syndicat national des anesthésistes réanimateurs de France (SNARF, libéraux) affirme avoir constaté « avec stupéfaction » la décision de la HAS d’autoriser « contre l’avis unanime de la spécialité » (et des instances scientifiques) un protocole interpro confiant à une infirmière la pose d’une voie veineuse centrale en lieu et place d’un médecin anesthésiste. Une stupéfaction que partage le SNPHAR-E, représentatif des anesthésistes (et autres praticiens) hospitaliers.
Certes, la HAS, dans son avis favorable, a émis diverses réserves sur ce protocole mais pour les anesthésistes le mal est fait. « La HAS a validé la possibilité de déléguer à un infirmier diplômé d’État (IDE) un acte que même un infirmier anesthésiste diplômé d’État (IADE) ne peut aujourd’hui légalement réaliser ! », s’étrangle le Dr Christian-Michel Arnaud, président du SNARF. Désormais, ajoute-t-il, les directeurs généraux d’agence régionale de santé (ARS) pourront s’appuyer sur cet avis favorable de la HAS pour appliquer et étendre ce protocole dans tous les hôpitaux, comme le prévoit la loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST).
Geste médical
Pour le SNARF, c’est la sécurité du patient qui serait mise en jeu avec cette décision « lourde de risques pour nos patients, prise pour une seule préoccupation économique ». « Ce ne sont pas des actes de routine dont on parle mais de gestes techniques médicaux, avance le Dr Arnaud. La question posée est celle des conséquences dommageables éventuelles de ces pratiques et de la responsabilité en cas de sinistre. C’est la propre responsabilité de la HAS qui devra être engagée… ».
Le syndicat appelle les anesthésistes-réanimateurs à refuser de s’engager dans de tels protocoles de transferts de tâches et n’exclut pas d’engager un recours dans l’espoir d’annuler la décision de la HAS.
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