U TILISEE dans le traitement de 60 % des cancers, touchant de 145 000 à 160 000 nouveaux patients par an, la radiothérapie n'est pas, en France, au meilleur de sa forme.
Une enquête menée en 1999 par les caisses nationales d'assurance-maladie et les professionnels prouve en effet que, s'il y a suffisamment de centres de radiothérapie sur le territoire (179 au total, la moitié publique, l'autre privée) et s'ils y sont relativement bien répartis, ils affichent en revanche un niveau d'équipement variable et accusent « un certain retard technologique » vis-à-vis des innovations techniques des dernières années (accès aux scanners, équipements informatiques permettant de meilleurs systèmes de dosimétrie, collimateurs multilames...). Le sous-équipement en machines se double d'un sous-équipement en hommes : alors que la profession estime qu'il faut un radiothérapeute pour 250 à 300 patients et un radio-physicien pour 400 patients, un tiers des centres manque de médecins, entre un tiers et la moitié de ces mêmes centres manquent de techniciens.
En terme d'activité, un tiers des centres dépassent les seuils (de 300 à 500 patients traités par an par appareil d'irradiation installé) jugés « acceptables » par les radiothérapeutes, ce qui implique des horaires inconfortables pour les patients, une présence médicale permanente difficile à assurer, des appareils plus souvent sujets à des pannes et à des problèmes de maintenance. A l'inverse, 11 % des centres de radiothérapie sont en sous-activité.
Nomenclature obsolète
Ce constat fait, et alors que le plan cancer 2000-2005 du gouvernement prévoit déjà une réorganisation de la carte sanitaire de radiothérapie, notamment par l'augmentation dans les centres du nombre d'accélérateurs linéaires et par l'organisation des prises en charge en réseaux, les caisses s'intéressent maintenant à ce sur quoi elles peuvent agir : les tarifs du secteur ambulatoire. La tarification actuelle date de 1972. Elle n'a pas été modifiée depuis 1975 et n'est plus adaptée à la radiothérapie telle qu'elle se pratique aujourd'hui. Cette nomenclature, qui va avoir trente ans, favorise entre autres le temps d'irradiation par rapport au temps de préparation du traitement (qui consiste à bien cibler la tumeur) et au temps de contrôle de la qualité de ce traitement après l'irradiation. Elle privilégie aussi l'utilisation des appareils à haute énergie alors que l'accent devrait peut-être être mis sur les appareils polyvalents. Il y a donc du ménage à faire, « c'est indispensable », soulignent les caisses.
La révision de la nomenclature sera conduite très progressivement : « Une première phase pourrait se faire en trois ou quatre ans », précise le Dr Yvette Ract, médecin-conseil national adjointe de la CNAM (Caisse nationale d'assurance-maladie).
Un obstacle reste toutefois sur le chemin de la modernisation de la radiothérapie : celui des effectifs médicaux. Car, comme le souligne le Pr Olivier Le Floch, président de la Société française des radiothérapeutes, la France « forme actuellement 15 internes par an » en cancérologie-radiothérapie, « ce qui est insuffisant pour assurer le simple renouvellement des médecins en poste ».
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