« Nous sommes prêts à aider dans leur gestion les hôpitaux déficients, voire à en assumer la gestion financière, comme cela se fait ailleurs en Europe, en Suède ou en Grande-Bretagne par exemple. » Lamine Gharbi ne mache pas ses mots. Le président de la branche MCO (médecine, chirurgie, obstétrique) de la Fédération hospitalière privée (FHP) est passé jeudi à l’offensive contre le laxisme budgétaire des hôpitaux publics sans prendre trop de gants. Le message est clair. Les cliniques souhaitent s’emparer de la gestion des comptes des hôpitaux publics. Et sous cet angle, la publication jeudi matin du livre blanc de la FHP est une véritable guerre déclarée « aux gaspillages continuels » du secteur public.
La mise sous tutelle provisoire des hôpitaux en déficit et la transparence sur les aides versées font parties des dix recommandations proposées de la Fédération. Son président Jean-Loup Durousset et Lamine Gharbi demandent ainsi au ministère de la Santé de « faire jouer la transparence et de publier la liste des hôpitaux publics en déficit au cours des cinq dernières années, ainsi que le montant des subventions publiques allouées au titre des contrats de retour à l’équilibre (CRE) pour combler leurs déficits ». Ils citent notamment les « cas récents » d'hôpitaux dont le déficit a été ainsi épongé, selon eux, comme ceux de Lens (Pas-de-Calais), Forbach et Saint-Avold (Moselle), Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), Amiens (Somme), et Le Blanc (Indre). « L’hôpital public doit devenir plus efficient pour trois raisons: il coûte cher à la collectivité dans son fonctionnement quotidien, il est plongé dans une culture du déficit d’exploitation et, enfin, il fait gonfler la dette sociale aux frais des cotisants sociaux, sans s’interroger sur son fonctionnement: recrutement de fonctionnaires, absentéisme record » souligne, un rien vachard, Lamine Gharbi.
La Fédération Hospitalière de France a été prompte à répondre aux dirigeants des cliniques, dénonçant leurs «caricatures grotesques.» La FHP développe une vision «absurde» et «mercantile» selon la FHF. «Elle est surtout une insulte au Service Public Hospitalier, aux missions qu’il assure chaque jour et à l’engagement de ses personnels», s’est défendue la Fédération. Accusé de gaspillage et de manque de rigueur, l’hospitalisation publique dénonce en retour les profits accumulés par les cliniques au détriment du système de santé.
Reste, qu’avec un déficit estimé à 3 milliards d’euros, les hôpitaux publics sont, en ces temps de rigueur budgétaire, plus que tacitement sommés de justifier leurs dépenses. Menacée la FHF ? C’est en tout cas l’impression qu’elle a donné en annonçant des mesures « chocs » pour endiguer le phénomène des déserts médicaux financées à partir de l’enveloppe budgétaire de la médecine de ville ! Les syndicaux de médecins libéraux avaient alors dénoncés l’incongruité de la proposition. La FHF, à son tour, devrait refuser la «main tendue» de sa consœur.
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