L’écho-Doppler examen-clé

Les jambes lourdes, un diagnostic avant tout clinique

Publié le 08/03/2011
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Crédit photo : PHANIE

LORSQUE l’on interroge le Dr Frédéric Vin, angéiologue (président d’honneur de la Société française de phlébologie et directeur du diplôme universitaire de phlébologie), sur le bilan à réaliser chez un patient se plaignant de jambes lourdes d’origine veineuse, il fait d’emblée une mise en garde. « Il ne faut pas se fier à cette affirmation classique de nos patients “ j’ai un problème de circulation ", parce qu’il existe d’autres causes aux douleurs de jambe. » Ce qui laisse entendre que le diagnostic d’une origine veineuse est tout d’abord fondé sur la clinique.

La symptomatologie veineuse est constituée de douleurs, lourdeur, pesanteur, fourmillements ou paresthésies des membres inférieurs. Survenant en procubitus, elle est soulagée par le décubitus et la marche, mais majorée durant la période prémenstruelle et en été. Autant d’éléments qui permettent de poser un diagnostic différentiel avec des crampes, une origine neuromusculaire ou une sciatalgie tronquée.

L’autre élément important du diagnostic, car il conditionne le bilan, porte sur la fréquence du symptôme. La lourdeur de jambes est-elle épisodique, par exemple, au moment des règles ou en été, ou bien régulière et invalidante, permanente ?

Le bilan commence par un examen clinique sur un patient debout. De face, l’inspection recherche des anomalies des branches collatérales de la veine grande saphène ; de dos elle s’intéresse aux branches de la petite saphène.

Des conseils d’hygiène de vie.

Si la clinique est négative, poursuit le spécialiste « il est possible de se dispenser d’examens complémentaires. On fournit des conseils d’hygiène de vie : gymnastique des membres inférieurs, natation, vélo qui favorisent le retour veineux. Le port d’une compression médicale de classe 2 est encouragé :chaussettes, bas-cuisse ou collant. Les veinotoniques, non remboursés certes, améliorent les troubles fonctionnels. »

S’il s’agit d’une symptomatologie persistante, outre l’indispensable examen clinique, un écho-Doppler est réalisé. « En position debout, il recherche des reflux au niveau des axes saphéniens. » De cette exploration découle l’attitude thérapeutique, selon la valeur du reflux, le calibre des veines saphènes et l’importance du réseau collatéral.

Très schématiquement, Frédéric Vin explique que des saphènes de diamètre inférieur ou égal à 6 mm conduisent à l’injection de mousse de produit sclérosant (3 ou 4 séances). Un diamètre supérieur à 8-9 mm conduit plutôt vers la chirurgie. Actuellement la voie endoveineuse est préférée (laser, radiofréquence), la tendance est à l’abandon du stripping.

« Les jambes lourdes d’origine veineuse annoncent le début de la décompensation. Mais curieusement lorsque de grosses varices sont constituées, les patients se plaignent moins. Cela s’explique par une anoxie, une souffrance, une atteinte des fibres musculaires collagènes et élastiques de la paroi veineuse. »

 Dr GUY BENZADON
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Source : Le Quotidien du Médecin: 8918