L ES 16 000 sages-femmes de l'Hexagone, qu'elles exercent à l'hôpital, en clinique ou dans le secteur libéral, sont appelées à faire grève mardi prochain.
La Coordination sages-femmes, à l'origine de ce mouvement, lance un mot d'ordre de grève dure tout en demandant aux sages-femmes d'apprécier sur le terrain l'urgence de telle ou telle situation. « Si, dans une maternité, il y a trois césariennes accaparant les médecins, il est évident que les sages-femmes assureront les autres naissances », explique Chantal Birman, responsable de la coordination.
Pas assez nombreuses, pas assez payées, confrontées à des naissances en augmentation dans des maternités en nombre décroissant, le tout dans un contexte de crise démographique des gynécologues-obstétriciens : les sages-femmes alignent les doléances. Le salaire ? A l'hôpital public, il est du même ordre que celui des infirmières : « Une sage-femme, bac + 4, démarre à 54 F de l'heure », s'indigne Chantal Birman. Dans les hôpitaux privés du secteur associatif, il est plus faible encore. En clinique, tout est possible : « Certains établissements sous-payent, dans d'autres, on peut gagner deux ou trois fois ce qu'on gagne à l'hôpital », déplore la coordination. Quant aux 1 600 sages-femmes installées en libéral, la Caisse nationale d'assurance-maladie (CNAM) s'inquiète de la forte augmentation du volume global des dépenses liées à leurs honoraires (+ 15 % en 2000).
« Du travail à la chaîne »
Une envolée que les professionnelles expliquent par la réduction des durées de séjour en maternité : « Aujourd'hui, les femmes peuvent quitter l'hôpital avant la montée de lait ! Cela aboutit, logiquement, à une multiplication des actes de suites de couche en libéral. » Les conditions de travail ? Elles relèvent, selon les intéressées, du « travail à la chaîne ». Dans un grand hôpital parisien, elles sont deux sages-femmes de salle à assurer 2 300 naissances par an. « Nous ne savons plus comment faire notre métier. On nous demande, par exemple, de faire le diagnostic des violences faites aux femmes. Nous répondons oui, bien, sûr, mais pas en deux minutes trente de consultation. Nous voulons parler aux gens, aux femmes qui accouchent. Or aujourd'hui, c'est très difficile et demain, ce sera pire », explique Chantal Birman. La situation est d'autant moins supportable que les sages-femmes, qui signent des ordonnances et des arrêts de travail, qui peuvent être chargées de toute la physiologie d'une grossesse, ont la responsabilité légale de leurs actes.
En faisant grève mardi prochain et en manifestant leur colère à Paris, les sages-femmes demanderont une revalorisation de leur métier (elles considèrent comme du « saupoudrage » ce qu'elles ont obtenu dans le cadre de la révision générale des carrières hospitalières - entre autres - une augmentation de salaire de 7 % en fin de parcours), une harmonisation de leurs différents modes de travail et l'alignement de leur recrutement sur celui des médecins et des dentistes. Elles ont d'ores et déjà le soutien des médecins du Syngof, le Syndicat national des gynécologues et obstétriciens de France, qui a lui-même orchestré pendant l'automne 2000 une grève d'un mois des interruptions volontaires de grossesse pour dénoncer les menaces pesant sur la sécurité à la naissance. « Leurs revendications démographiques, les questions de leurs salaires et de leur qualification médicale correspondent à de vrais problèmes », explique le Dr Guy-Marie Cousin, président du Syngof.
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