L' INFORMATION pourrait paraître fantaisiste. Pourtant, à l'analyse, son sérieux ne peut être mis en doute. Les personnes aux yeux clairs sont davantage à risque de développer une surdité dans les suites d'une méningite, annonce Helen E. Cullington, dans le dernier « BMJ ».
Pourquoi avoir procédé à une telle enquête ? Cette audiologiste britannique est partie d'un constat : les personnes aux yeux marrons sont plus sensibles au risque ototoxique de certaines subtances (par exemple, le cisplatine). Alors, pourquoi ne pas rechercher un tel type d'association avec la méningite. La surdité en est une séquelle redoutée et aucun marqueur du risque n'est actuellement connu.
Helen Cullington a donc réuni 130 dossiers de porteurs d'implant cochléaire. Dans ce groupe de personnes, âgées de 2 à 80 ans, seulement 32 avaient perdu l'audition à la suite d'une méningite. Restait simplement à connaître la couleur de leur iris et à en tirer les conséquences statistiques.
Mais les choses ne sont pas toujours aussi simples. L'audiologiste britannique sait combien cette couleur est subjective. Elle a donc opté pour deux teintes : sombre ou clair. Les yeux marron pur (habituellement ceux des ethnies non blanches) et toute la gamme des marron sont considérés comme sombres ; les iris bleus, verts, gris ou noisette sont dits clairs.
En appariant couleurs et surdité, seulement deux (6 %) des 32 malentendants ont les yeux sombres. Les 30 autres (94 %) ont les yeux clairs. La différence est jugée statistiquement significative et l'odds ratio montre un risque 5,8 fois plus grand en cas d'yeux clairs. Dans les surdités non attribuées à une méningite, 73 % des patients ont les yeux clairs.
Helen Cullington propose quelques hypothèses explicatives. Tout d'abord, elle rappelle que les yeux sombres s'accompagnent d'une présence plus importante de mélanine dans l'oreille interne, réputée pour protéger l'oreille des traumatismes sonores. Peut-être existe-t-il une composante génétique, par une relation entre les gènes codant pour la couleur de l'iris ceux de la réponse inflammatoire à l'infection. Toutefois, en conclusion, l'auteur reconnaît que son travail peut être biaisé. Les personnes aux yeux clairs ne sont-elles pas plus sujettes à la méningite (les sujets d'origine noire font davantage de méningites) ? Celles aux yeux sombres n'en meurent-t-elles pas davantage, faisant pencher la balance en faveur des yeux clairs ? Des données à confirmer.
« British Medical Journal », vol. 322, 10 mars 2001, p. 587.
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