La réponse n’aura pas tardé… Quelques jours seulement après la publication du BMJ* mettant en exergue les effets potentiellement néfastes des phénomènes de relargage d’ions métalliques inhérents aux prothèses de hanches à couple métal/métal, l’Afssaps vient de publier de nouvelles recommandations**, plutôt rassurantes, quand au suivi des patients concernés. « À ce jour, en l’absence d’anomalie clinique ou radiologique, les recommandations de l’Afssaps correspondent au suivi habituel des porteurs de prothèses de hanches », indique en effet l’Agence. Soit un suivi post-opératoire classique la première année puis un examen clinique et radiologique à 3, 5, 7 et 10 ans.
Un suivi particulier annuel dans certains cas
Un suivi particulier, « annuel et prolongé jusqu’à 10 ans », est toutefois préconisé pour les patients les plus exposés au risque d’usure métallique ou d’accumulation d’ions métalliques, comme les porteurs de prothèses à tête fémorale de diamètre supérieur ou égal à 36?mm, les patients dont les éléments de prothèse ne sont pas alignés de façon optimale et les insuffisants rénaux. À mots couverts, l’Afssaps prend donc en compte le problème mais en se gardant de tout alarmisme.
Le Pr Rémy Nizard s’avoue plus préoccupé. « Avec des taux sanguins de chrome ou de cobalt près de 20 fois supérieurs à la normale, l’histoire des prothèses métal/métal ne me paraît vraiment pas rassurante », reconnaît cet orthopédiste de l’hôpital Lariboisière. Ce d’autant que les conséquences de cette imprégnation ionique sur la santé humaine restent encore mal connues. Selon le BMJ, l’impact pourrait être à la fois local et systémique avec notamment un éventuel risque génotoxique. « Ce risque est prouvé in vitro et chez la souris », indique le Pr Nizard, mais reste hypothétique chez l’homme. En revanche, au niveau local, le risque de pseudo-tumeurs avec destructions tissulaires des tissus environnants est aujourd’hui bien documenté avec « quelques cas absolument dramatiques ».
Pas de prothèses sans risque
Pour toutes ces raisons, l’équipe de Lariboisière à décidé de ne pas utiliser les prothèses à couple métal/métal et à leur préférer des modèles à couple céramique/céramique. Une option inerte sur le plan chimique et qui entraîne relativement peu de débris d’usure, mais qui expose en revanche à un risque de cassure plus important de l’ordre de 1 pour 10 000. Même chose pour les prothèses en polyéthylène hautement réticulé, moins susceptibles d’usure que leurs grandes sœurs en polyéthylène classique, mais qui se révèlent cassantes. « Au total, il n’existe donc pas de prothèse sans risque », résume le Pr Nizard et il faut être vigilant après toute arthroplastie de hanche. La surveillance est avant tout clinique et, passée une période de « rodage » de la prothèse de quelques mois, toute apparition de douleur inhabituelle, d’œdème ou de masse palpable ou encore de difficultés à la marche, etc., doit donner l’alerte.
** Recommandations Afssaps de suivi des patients porteurs de prothèses de hanche
de couple métal/metal. Mars 2012.
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