C ONTRE le projet actuel de réforme de l'internat, les représentants des internes ne font plus cavalier seul.
En effet, derrière l'Intersyndicat national des internes des hôpiiaux (ISNIH), les chefs de clinique ne font pas mystère des critiques que leur inspire le texte qui va prochainement être examiné en première lecture par les sénateurs.
« Depuis 1998, nous défendons le principe de cette grande réforme, avec pour postulat de base de faire disparaître la "ségrégation"entre médecine générale et médecine spécialisée, ainsi que la possibilité d'une régulation des flux dans les différentes filières, en fonction de besoins de santé publique et non pas en fonction de besoins hospitaliers d'internes », rappelle le Dr Yvan Gasman, président de l'Intersyndicat national des chefs de clinique assistants des hôpitaux de ville de faculté (ISNCCA), qui veut cependant que la qualité des médecins ne pâtisse de cette réforme, comme il semble le craindre.
Pour ce syndicat, les épreuves doivent répondre à une série d'objectifs correspondant aux « valeurs républicaines », c'est-à-dire préservant en particulier l'égalité des chances pour tous.
Dans cette logique, l'ISNCCA avance une base de propositions : elle demande la création d'un « certificat de synthèse clinique et thérapeutique national et d'un haut niveau », qui clot le deuxième cycle, ainsi que l'élargissement des passerelles, orientant vers un troisième cycle universitaire (économie, journalisme, industrie, ENA...).
Pour ce qui concerne l'examen classant validant national, proposé par la réforme, qui remplace de fait l'actuel concours de l'internat et permet d'accéder au troisième cycle des études médicales, les chefs de clinique suggèrent que soit élaboré un programme officiel, reconnu comme base effective des connaissances par les ministères de l'Education nationale et de la Santé, pour la préparation et la correction de ces épreuves.
Le soutien de l'INPH
Afin de supprimer certaines « inégalités de chances et d'exercice » et les « vives tensions » qui ont existé, « nous pourrions proposer qu'il n'y ait pas d'autre alternative à l'accès du troisième cycle des études médicales que de passer l'examen classant validant de fin de deuxième cycle », ajoutent-t-ils.
Concernant les étudiants de la Communauté européenne ou faisant partie de l'espace économique européen (comme la Norvège ou l'Islande par exemple), les chefs de clinique demandent qu'ils passent les mêmes épreuves et le même examen que les étudiants de nationalité française, alors que le projet de loi actuel tendait à prévoir des conditions spéciales pour leur accesion au troisième cycle des études médicales.
En dehors du soutien de l'ISNCCA, les internes ont obtenu le renfort de l'Intersyndicat national des praticiens hospitaliers (INPH), qui regrette que le projet de loi ne prévoie pas « la validation rigoureuse du deuxième cycle ». Le Dr Rachel Bocher, sa présidente, dénonce le « mouvement de panique auquel semble céder le législateur en se saisissant d'un texte qui n'apporte pas de solution qualifiante pour l'ensemble des filières ».
De son côté, le Syndicat national des praticiens adjoints contractuels (SNPAC), adhérent à l'INPH, se félicite et soutient la proposition de l'ISNIH qui demande « un même internat pour tous », y compris pour les praticiens à diplôme hors Union européenne (PADHUE). Cette réforme de l'internat devrait aboutir à « un même statut, à un même diplôme et, bien sûr, à une même rémunération », estime le Dr Hani-Jean Tawil, son président. Il demande que « tout praticien soit déclaré qualifié pour cet examen, dès lors qu'il justifie de cinq années de fonctions hospitalières dans l'exercice de la spécialité, quels que soient ses différents statuts d'exercice, et qu'il a subi avec succès une vérification de connaissance, par voie de concours ou d'épreuve d'aptitude comme celle concernant les PH et les PAC ».
L'ensemble de ces revendications devrait être abordé lors d'une rencontre, le 13 mars, des internes avec le sénateur de Meurthe-et-Moselle, le Pr Claude Huriet.
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