Le leader mondial de l’agrochimie Monsanto a été jugé responsable de l’intoxication à l’herbicide d’un agriculteur français. Cette décision ouvre la voie à des dommages-intérêts, ce qui constitue une première en France. Le tribunal de grande instance de Lyon considère que « Monsanto est responsable du préjudice de Paul François suite à l’inhalation du produit Lasso », et condamne l’entreprise américaine à indemniser entièrement la victime.
Le 27 avril 2004, Paul François, un céréalier de Bernac, ouvre la cuve d’un pulvérisateur et reçoit au visage des vapeurs de Lasso, un puissant désherbant. Rapidement, l’agriculteur est pris de nausées puis de troubles, bégaiement, vertiges, maux de tête, qui l’obligent à interrompre son activité pendant près d’un an.
En mai 2005, des analyses relèvent dans son organisme des traces d’un solvant, le monochlorobenzène, présent pour moitié dans le Lasso, avec de l’anachlore. L’agriculteur, aujourd’hui âgé de 47 ans et invalide, est devenu le porte-parole des victimes de pesticides.
Lors de l’audience, Me François Lafforgue, son avocat, a reproché au géant américain d’avoir tout fait pour laisser le Lasso sur le marché, alors que sa dangerosité avait été établie dès les années 1980. Il avait été interdit au Canada, au Royaume-Uni et en Belgique, mais n’a été retiré du marché français qu’en 2007. Selon l’avocat, l’entreprise aurait également manqué à son obligation d’information, en ne détaillant pas la composition du produit sur l’étiquette et en n’avertissant pas des risques liés à l’inhalation. L’avocat de la défense, Me Jean-Philippe Delsart, a quant à lui, mis en doute la réalité de l’intoxication, en arguant que les problèmes de santé n’étaient apparus que plusieurs mois après l’inhalation.
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