LE QUOTIDIEN - La question de la santé du président de la République doit-elle rester un sujet privé, ou nécessite-t-elle d’être traitée dans le débat public ?
NATHALIE ARTHAUD - Je ne comprends pas très bien la question. Si un candidat à la présidentielle, ou un président en exercice, décide de rendre public qu’il est atteint de telle ou telle maladie, ou infirmité, cela sera forcément traité dans le débat public. Et je ne suis pas pour la censure ou l’autocensure dans ce domaine. De nombreux salariés et même des patrons rendent quelquefois leur maladie publique sans cesser d’exercer leur métier. Cela est vrai aussi de personnalités connues, artistes ou autres, qui, ayant révélé être atteints d’un cancer ou du sida, continuent à travailler. J’imagine que c’est le cas d’ailleurs de certains médecins. Alors, pourquoi pas des responsables politiques et même d’un président de la République ? Je ne crois pas que les malades doivent être traités comme des pestiférés.
Quels enseignements tirez-vous des événements survenus à cet égard lors des mandats de Georges Pompidou et de François Mitterrand ?
La maladie de ces deux présidents a été détectée dès leur élection. Il semble même avant, en ce qui concerne Georges Pompidou, élu en 1969, et dès 1981, pour François Mitterrand, tout de suite après son élection. Mais leur maladie a été cachée comme un secret d’État. Ce qui est effectivement anormal.
Envisagez-vous de prendre personnellement des engagements pour garantir, si vous êtes élue, la transparence au sujet de l’information sur votre santé ?
Je ne serai pas élue, mais je n’ai rien à cacher et je suis toute prête à fournir des informations par rapport à mon état de santé actuel. Mais je vous rassure, je me porte bien.
Pensez-vous que la Constitution soit suffisamment précise pour les cas d’empêchement médical du président ?
Je pense qu’il ne faut pas faire comme si le sort d’un pays dépendait d’un seul homme, ou d’une seule femme. En fait, tous les chefs d’État sont entourés de ministres, d’une batterie de hauts fonctionnaires et d’experts, qui gouvernent avec eux et quelquefois à leur place. On a même pu voir que la Belgique est restée des mois sans gouvernement, sans que l’appareil d’État ne s’écroule !
Quant à ce qu’on appelle l’empêchement du chef de l’État, en droit constitutionnel, c’est sans doute difficile à apprécier, dès lors qu’un président malade conserve toutes ses facultés intellectuelles.
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