I LS vont vite. A toute allure. Ils sont pressés par on ne sait quelle obligation d'en finir rapidement. Ils sont dans le jeu. Complètement.
Pas de décor. Ou si peu. Un espace discret délimité par des rideaux, dont un rideau de voile entre salle et scène, qui s'ouvre et se ferme régulièrement, histoire d'introduire un trouble. Une distance. Mais légère. Des costumes. Ceux que portent les trois personnages et ceux dont elles jouent, accrochés à des portants mobiles. Il y a aussi des fleurs. A foison. Et une lumière étrange. Nocturne et vive à la fois. Tout cela induit l'idée d'un espace non assignable. Rien de réaliste. Mais une bulle bizarre, entre réel et fiction, entre réalité et fantasme.
Installant cette atmosphère, Alfredo Arias tient la couleur qu'il entend donner au texte si impalpable, au fond, de Jean Genet. Un texte qui est comme une matière vive, toujours en mouvement. Un texte grave et ludique dans lequel il est question du passage du « on serait... » des enfants à l'acte irréparable qui ne peut être que celui d'un adulte.
A toute allure, on vous l'a dit, se donne le texte, se dit le texte et le monologue de Solange, à la fin, tient de la performance pour Marilù Marini qui n'est pourtant jamais dans la démonstration et ne donne pas le sentiment de « bouler » son texte.
Mais ce rythme, c'est aussi celui de la peur. De la menace qui pèse sur les sœurs, entraînées dans un jeu qui va les dépasser. Menace qui pèse aussi sur Madame, bien sûr, qu'incarne Alfredo Arias qui a choisi de porter un masque, et, sous le strict tailleur de la « patronne », les artifices qui le font poupée plutôt que femme. Tout cela entraîne dans cette lisière, ce moment où tout peut, où tout va basculer. Le passage à l'acte, cette énigme.
Laure Duthilleul, belle et puissante, Marilù Marini, mobile et fragile, Alfredo Arias, précis et hallucinant, tiennent très bien les fils de leur propos. « Les Bonnes » sont une pièce difficile, résistante, un texte qui ne cesse d'échapper. Ils en proposent une version très intéressante. Une vision aussi personnelle que convaincante qui longtemps vous obsède comme la musique qui accompagne le spectacle.
Théâtre de l'Athénée, mardi à 19 heures, du mercredi au samedi à 20 heures, dimanche 1er et 8 avril à 16 heures. Durée: 1 h 20 sans entracte (01.53.05.19.19). Folio publie une nouvelle édition, avec deux versions et une préface de Michel Corvin.
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