Pessimisme et crise de confiance chez les généralistes

Publié le 21/04/2015

Crédit photo : VOISIN/PHANIE

L’ambiance est plus que morose chez les professionnels de santé, et particulièrement chez les généralistes. La 4ème édition de l’Observatoire des professions libérales de santé de CMV Médiforce, (filiale de BNP Paribas) peint en effet un tableau plutôt noir du climat ambiant chez les professionnels de santé libéraux. Interrogés sur la situation générale actuelle de leur profession, les libéraux de santé se donnent pour la première fois en 4 ans en dessous de la moyenne. Avec une note moyenne de 4,8/10 contre une moyenne de 4,7 pour toutes les professionnels de santé libéraux, les généralistes se situent pile dans la tendance mais en un an leur moral en a pris un sacré coup. L’année dernière les généralistes faisaient partie des plus optimistes, avec les infirmiers, avec une moyenne de 5,8 sur 10, et leur moral étaient même en hausse de 0,6 point par rapport au premier observatoire de CMV Médiforce daté de 2011. Pire, les généralistes voient le futur de la profession avec encore plus de pessimisme en lui donnant une note de 3,9 sur 10, et seulement 36% d’entre eux conseilleraient à un jeune d’exercer le métier de généraliste contre 59% l’année dernière.

La question financière ne prime pas

Malgré les tensions qui peuvent exister à l’heure actuelle, les facteurs économiques et financiers, même s’ils constituent une préoccupation importante des généralistes, ne sont pas le souci premier. Alors que toutes les autres professions de santé placent « les charges et/ou la fiscalité qui pèsent sur la profession » comme problème numéro 1, les généralistes eux évoquent en premier et à 84% « les contraintes administratives ou bureaucratiques ». De plus contrairement aux autres libéraux, ils sont 76% à estimer que leurs honoraires sont stables ou à la hausse.

Dans leur relation avec le patient, encore une fois la question financière ne semble pas au centre des préoccupations comme cela peut être le cas pour d’autres professions.

Les généralistes comme les autres professionnels de santé libéraux constatent une évolution du comportement des patients, mais elles ne sont pas forcément les mêmes que dans les autres blouses blanches. Ils remarquent de façon moindre une propension des patients à être plus attentifs à leurs dépenses de santé (24% pour les généralistes contre 43% en moyenne) et sont plus nombreux à considérer qu’ils acceptent « comme avant les soins et traitements proposés » (31% contre 21% en moyenne). Finalement ils sont 42% à considérer que leurs patients « n’ont pas fondamentalement changé » et qu’eux non plus n’ont pas modifié leur « manière de pratiquer (leur) métier » (la moyenne générale étant de 29%).

Manque de respect chez les patients

Au-delà de problèmes d’argent c’est davantage du côté du relationnel que le bât blesse. Pour les 58% de ceux qui voient une évolution dans le comportement des patients, les raisons évoquées révèlent un certain climat de tension dans la relation patient/médecin. 74% évoquent un manque de respect croissant à leur égard, matérialisé notamment par le non-respect des rendez-vous, le remise en cause des diagnostics etc, alors que d’autres professions de santé mettent plus volontiers en avant des tensions sur les prix. Face à cela, les généralistes répliquent donc par « plus d’écoute » et privilégient les relations humaines par opposition à des réponses qui s’inscrivent dans un cadre « commercial ».

4ème édition de l’Observatoire CMV Médiforce des professions libérales de santé, réalisé auprès de 486 professionnels de santé: généralistes, chirurgiens-dentistes, pharmaciens, infirmiers, kinésithérapeutes, vétérinaires, biologistes, radiologues. Du 23 octobre au 7 novembre 2014.
Amandine Le Blanc

Source : lequotidiendumedecin.fr