Pfizer a déboursé 700 000 euros pour des postes de coordinateurs

Quand les laboratoires aident au financement des maisons de santé

Par
Publié le 04/04/2016
Article réservé aux abonnés

Fin 2013, le laboratoire Pfizer a signé avec la Fédération française des maisons et pôles de santé (FFMPS) une convention de revitalisation. Derrière cette appellation qui fleure bon le jargon administratif se cache une initiative très concrète qui a permis d'aider à l'embauche de personnel de coordination dans les maisons de santé pluridisciplinaires.

Directrice des affaires institutionnelles de Pfizer, Catherine Raynaud précise que la signature d'une convention de revitalisation était une obligation légale pour le laboratoire. « Il s'agit d'une disposition prévue par le code du travail pour toute entreprise ayant licencié du personnel », explique-t-elle. Ces entreprises s'engagent ainsi à soutenir l'activité économique dans des territoires touchés par les licenciements.

Ayant le choix du secteur d'activité à aider, Pfizer s'est tourné vers la FFMPS. « Nous connaissions déjà son président, le Dr Pierre de Haas, précise Catherine Raynaud, et les maisons de santé sont un sujet porteur. Tous les responsables politiques sont d'accord pour dire qu'elles constituent une réponse à la désertification médicale ». Objectif de cette convention : contribuer à l'embauche de coordinateurs ou de responsables des systèmes d’information dans les MSP.

Le dispositif est strict. Il oblige Pfizer à n'avoir aucun contact avec les équipes désireuses d'embaucher du personnel. Le laboratoire a donc confié 700 000 euros à la Caisse des dépôts et consignations. Quand une maison de santé signale un besoin, c'est la Fédération et l'État qui décident ou non d'allouer une aide. Cette subvention est de 5 000 euros – une fois pour toutes – pour un emploi à plein-temps. Dans les autres cas, elle est versée au prorata du nombre d'heures travaillées. 

Cerise sur le gâteau

La MSP du Neuhof, à Strasbourg, a profité de cette convention de revitalisation pour accompagner l'embauche d'une coordinatrice. « Ce poste était absolument nécessaire à notre fonctionnement, explique le Dr Claire Dumas. Ça a été une bonne surprise, la cerise sur le gâteau, car c'est un poste budgétaire lourd pour une MSP ». La coordinatrice étant employée 25 heures par semaine, l'aide de Pfizer s'est faite au prorata (environ 3 500 euros).

Avec les 700 000 euros alloués aux MSP, Pfizer pouvait théoriquement soutenir la création de 140 postes à temps plein. Mais alors que la convention touche à sa fin (été 2016), seuls 35 postes ont réellement été aidés. Il y en aura 40 au maximum à l'été. « Nous verrons si un avenant doit être envisagé, déclare Catherine Raynaud. Le cas échéant, les fonds non utilisés seront transférés sur un autre projet ».

Ce décalage a une explication. « À la signature de la convention, nous avons été un peu optimistes sur le nombre de postes à créer », explique le Dr Pierre de Haas. De fait, beaucoup de MSP embauchent ces professionnels à temps partiel (un ou deux jours par semaine). Ces métiers de coordinateurs s'adressent à des profils Bac + 5, rémunérés en moyenne 50 000 euros brut par an.

 

Henri de Saint Roman

Source : Le Quotidien du médecin: 9485