Après les remous médiatiques autour de la sécurité du vaccin contre les infections à HPV, le Pr Roman Rouzier (Hôpital Tenon, Paris) est formel : «Il n’y a aucun doute pour le HCSP (Haut Conseil de la Santé Publique) : il faut continuer à vacciner ». Or, pour les jeunes filles nées en 1995, la couverture vaccinale atteint 38,7 %, soit largement en dessous de l’objectif de 70 %. La peur des effets secondaires reste très forte. Pourtant avec le recul sur 25 millions de doses de CERVARIX, la crainte n’est pas fondée. Une grande étude de cohorte de l’Afssaps et de la CNAM montre qu’il n’y a aucune différence d’incidence de maladies auto-immunes entre les jeunes filles vaccinées et les non vaccinées. Selon le premier bilan du plan de gestion de risques en Juillet 2011, l’analyse des cinq effets indésirables graves (dont deux maladies auto-immunes) ayant motivé une hospitalisation n’a pas permis d’établir un lien de causalité avec la vaccination.
Immuniser tôt
L’efficacité reste bien étayée avec l’étude PATRICIA qui montre une protection croisée avec d’autres types de virus (31,33, 44) non inclus dans le vaccin (virus 16 et 18). Le taux d’anticorps reste stable avec une visibilité de 9,4 ans. « Il n’y aura pas besoin de rappel » prédit le Pr Rouzier. A quatre ans de suivi, le vaccin réduit de 93 % les CIN2+ (néoplasie intra-épithéliale cervicale à partir du grade 2) dus aux virus 16 et 18 et la prévention diminue de 70,2 % la conisation, un geste traumatisant qui s’accompagne d’un risque accru de sténoses cervicales ou de complications obstétricales. Les derniers résultats de l’étude PATRICIA montrent que sur l’ensemble de la cohorte comportant aussi des femmes déjà infectées par HPV, l’efficacité du vaccin est moins bonne que chez les filles naïves de toute infection. D’où l’importance d’immuniser les jeunes filles avant leur entrée dans leur vie sexuelle. « Le contexte actuel (de défiance) est préjudiciable aux plus vulnérables » a indiqué le Pr Rouzier.
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