Manger moins pour vivre plus longtemps : « cette allégation, basée sur des études réalisées chez le rongeur et les invertébrés, est d’application peu probable chez l’homme » annonce d’emblée Eric Le Bourg, chercheur au CNRS (Toulouse). Ainsi, restreindre ses apports ne présente donc aucun intérêt, si ce n’est dans le cadre médicalisé du traitement du surpoids et de l’obésité.
Si aucune étude n’a osé soumettre des humains à une restriction calorique sur toute une vie, certaines situations « naturelles » de restriction existent. L’ile d’Okinawa au Japon, « ile des fameux centenaires » en est un exemple. « Ses habitants ont été soumis à une restriction calorique jusque dans les années 60 » explique Eric Le Bourg. Or, en 1925, ces derniers avaient une espérance de vie supérieure à celle des Japonais. « Toutefois, le calcul était biaisé par une mortalité infantile deux fois plus importante au Japon qu’à Okinawa » tempère-t-il. Quant au nombre impressionnant de centenaires à Okinawa et au Japon, elle serait factice : « la destruction des registres d’état civil pendant la seconde guerre mondiale et la très fréquente non-déclaration au registre des décès en seraient en réalité la cause ». De fait, plusieurs habitants d’Okinawa de plus de 150 ans figurent encore dans les registres !
Carence protéique et longévité
Si la restriction n’augmente pas la longévité, elle a des effets intéressants sur l’organisme. « Chez les volontaires de Biosphère-2, elle a baissé plusieurs marqueurs des maladies métaboliques comme la pression artérielle, le cholestérol ou encore la glycémie à jeun » indique Eric Le Bourg. « Mais au prix d’effets négatifs notamment sur la résistance au froid ou encore les performances physiques » prévient-il. Pour ce dernier, plutôt que les calories, c’est la carence en protéines de la ration qui aurait augmenté la longévité des rongeurs, pour leur permettre de se reproduire plus tard. Mais au détriment d’une croissance insuffisante, les animaux étant plus petits. Chez l’homme, il semble que cette restriction protéique, constatée aussi chez les Okinawai, se traduise par un IMC faible, un retard d’apparition des règles, des problèmes de lactation et des enfants de petit poids de naissance.
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