VOS MALADES ONT LU
« De l'air », mars-avril
« Magazine sans le sou », « De l'air » n'entend point pour autant répondre aux sirènes publicitaires qui le voudraient un tantinet plus « glam », ce résidu de « glamour », ce « besoin sans réel désir ». Alors, s'il ouvre son dernier numéro sur quelques images « glam » et quelques regrets du glamour disparu, le magazine ne renonce pas aux sujets qui grincent, tel celui du suicide des vieux, trois fois plus fréquent que celui des 15-24 ans « et infiniment plus tabou ». Ce qui l'a mené à monter les six étages, bien sûr sans ascenseur, d'une Myosotis de 90 ans, 1,45 m, 33 kilos ; elle vitupère « ces crétins en blouse blanche » qui l'on récupérée d'un sommeil qu'elle voulait définitif, induit par « quatre-vingt dix cachets d'un puissant somnifère ». Elle ne mange que des bouillies de substituts de repas, voit trop mal pour regarder la télé, n'a pas les moyens d'aller en maison de retraite, vit dans dix mètres carrés, a perdu l'amour de sa vie il y a deux ans et se demande vraiment pourquoi continuer à vivre.
Myosotis parle haut et fort de son suicide, de son dégoût de la vie. D'autres personnes âgées vivent aussi mal, sont aussi malheureuses sans parvenir à le dire, beaucoup réussissent leur suicide, un suicide dont personne ne parle. Suicides passifs ou très actifs, suicides si culpabilisants pour les familles qu'on préfère les taire, suicides de veufs perdus sans leur compagne, suicides de vieux dont on oublie la dépression derrière la plainte somatique...
7 400 vies à sauver
« Notre Temps », mars
« Le dépistage du cancer », objet d'un plan ambitieux annoncé il y a un an, n'a en fait pas beaucoup progressé. Pourtant, sur le papier, les choses paraissent si simples : 3 000 femmes devraient être sauvées si les mammographies systématiques prévues pour toutes les femmes à partir de 40 ans étaient effectuées, 1 400 femmes le seraient encore si les frottis cervico-vaginaux touchaient régulièrement les femmes de 25 à 65 ans, 3 000 hommes et femmes le seraient enfin si le cancer du côlon et du rectum faisaient l'objet de dépistages appropriés. Même si les comptes sont plus difficiles à établir de façon ferme pour les victimes de cancer de la prostate, on se demande pourquoi lesdits dépistages sont si difficiles à mettre en place.
Mais on découvre avec le Pr David Kahyat que nombre de mammographes actuels sont « obsolètes, voire dangereux », et que seulement trente départements sont prêts pour le dépistage systématique du cancer du sein envisagé à l'échelon national. On attend, en outre, avec impatience le développement des coloscopies virtuelles, qui devraient bientôt éviter « les désagréments de l'endoscopie et les risques (rares) d'infection ou de perforation. Et on ignore toujours si le dépistage du cancer de la prostate par la mesure régulière du PSA sauverait des vies ».
Spectaculaire, mais pas forcément beau
« Science et Vie junior », mars
On a coutume de s'extasier devant les détails du corps humain tel que le dévoile la microphotographie. « Science et Vie junior » a choisi d'étonner ses lecteurs en rassemblant pour eux « les clichés les plus spectaculaires du corps humain », mais en soulignant que le corps humain n'est pas forcément « le plus beau », quand on le « regarde de l'intérieur ». La langue qui embrasse est bien une « chose poilue et pustuleuse », les cils de l'organe de Corti ont l'air trop fragiles pour être honnêtes, l'iris est beaucoup moins séduisant de près et en rose fluo qu'en dimension réelle, les fibres musculaires ont un aspect un peu sale et mité, les tunnels osseux n'ont pas l'air très fiables, l'éruption d'un ovule sur un ovaire fait un peu désordre, les villosités intestinales sont plutôt inquiétantes, etc.
Bref, « l'aventure intérieure » grossie de 70 à 3 300 fois est fascinante et riche de monstres.
Héros de la nature
« Terre sauvage », mars
Il existe différentes espèces de héros de la nature : « Terre sauvage », qui en rencontre tous les jours, se demande ce mois-ci quelle est l'espèce dominante à ce jour et s'il faut désormais en privilégier une.
Les explorateurs, les pionniers, les conteurs du temps des découvertes merveilleuses doivent-ils laisser la place aux « écoguerriers qui n'hésitent pas à recourir au sabotage contre des engins forestiers pour protéger la forêt ? ». Aux héros « planétaires » façon Cousteau pour défendre la biosphère ? Aux auteurs inspirées - ce sont souvent des femmes - pour dénoncer les pesticides, Tchernobyl ou les conséquences des barrages en Inde ? Aux militants de Greenpeace ou de l'association Robin des Bois ? Aux médiateurs de type Nicolas Hulot, passé ambassadeur de la nature après avoir surtout été « un amateur de vroum-vroum » ? Aux « pasionarias du monde sauvage » qui donnent leur vie aux gorilles, aux chimpanzés, aux rhinocéros noirs en voie de disparition, aux éléphanteaux orphelins, aux oiseaux de la Loire ou de Sicile, aux mammifères marins, aux chevaux mongols ?
Jacky Bonnemains, le président de l'association Robin des Bois, sait en tout cas ce qu'il préférerait : « Moi, ce que j'aimerais, ce serait faire école, plus que faire icône. Que les gens s'identifient, pourquoi pas, mais ce serait beaucoup, beaucoup mieux s'ils faisaient la même chose dans leur coin. » Il reste tout de même beaucoup plus confortable d'admirer les restes de forêts ou de mers primitives, les glaces polaires en sursis ou les derniers rhinocéros noirs sur un écran de télévision que sur place.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature