Alors qu’un plan d’aide humanitaire international doit être proposé demain à la conférence de Tunis sur la Syrie, le CICR lance un appel urgent pour que soient observées des pauses quotidiennes dans les combats pendant au moins deux heures. « À Homs et dans d’autres zones touchées, des familles entières sont bloquées chez elles depuis des journées, sans pouvoir sortir acheter du pain, d’autres vivres, de l’eau, ou accéder à des soins médicaux », a déploré Jakob Kellenberg, président du CICR. L’Union européenne qui appuie cette initiative, s’interroge, en revanche, quant à la faisabilité d’une autre proposition, qui est de créer des couloirs humanitaires à partir des pays voisins. Hier, deux journalistes ont été tués à Homs après la mort du journaliste Gilles Jacquier, le 11 janvier : le photographe français Rémi Ochlik et la reporter américaine Marie Colvin. Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture et de la Communication, s’est insurgé « contre les violences répétées faites aux journalistes » et a demandé que « toute la lumière soit faite » sur les circonstances de leur disparition. La journaliste française Edith Bouvier, blessée hier à la jambe, indique avoir « besoin au plus vite la mise en place d’un cessez-le-feu, d’une voiture médicalisée ou en tout cas en bon état qui me conduise jusqu’au Liban ». Dans une vidéo des insurgés mise en ligne aujourd’hui sur Youtube, la journaliste précise avoir la jambe cassée au niveau du fémur. « Ici, les médecins nous ont très bien traités, autant qu’ils le peuvent, seulement ils ne peuvent pas pratiquer d’opération chirurgicale », poursuit-elle.
Plus de 7 600 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans les violences depuis l’éclatement de la révolte en Syrie en mars 2011, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). Sur le terrain, le régime exerce une répression « sans merci » contre les personnes blessées dans les manifestations et contre le personnel médical, indique Médecins sans Frontières (MSF) qui a collecté des témoignages auprès de blessés soignés en dehors du pays.
Médecine, arme de persécution.
D’après l’organisation, qui ne peut intervenir directement en Syrie mais soutient des réseaux de médecins en leur fournissant notamment des kits chirurgicaux, la plupart des blessés ne vont pas dans les hôpitaux publics de peur d’y être torturés ou arrêtés. « Il est essentiel que les autorités syriennes rétablissent la neutralité des espaces de soins », déclare la présidente de MSF, le Dr Marie-Pierre Allié. « La médecine est utilisée comme une arme de persécution », constate-t-elle. Les médecins soignent les blessés dans des lieux improvisés, appartements, fermes. Les blocs opératoires aménagés dans ces « hôpitaux mobiles » rendent les conditions d’anesthésie, de stérilisation et d’hygiène extrêmement rudimentaires. Il faut toujours changer d’endroit. « Les services de sécurité attaquent même les hôpitaux mobiles et les détruisent. Ils rentrent dans les maisons à la recherche de médicaments ou de n’importe quel matériel médical », témoigne un médecin dont MSF préserve l’anonymat. « Beaucoup de médecins qui traitent les blessés dans leur hôpital privé ont été arrêtés, torturés », affirme un autre. La simple détention de médicaments et de matériel médical est considérée comme un crime. Les possibilités de traiter les cas lourds comme de dispenser des soins post-opératoires sont très réduites. Les médecins clandestins ne se risquent plus à demander du sang à la Banque centrale de sang, placée sous la tutelle du ministère de la Défense qui a désormais l’exclusivité pour délivrer les poches de sang.
Selon un nouveau rapport de la commission d’enquête internationale sur la Syrie, mandatée en août 2011 par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, « les enfants continuent d’être arrêtés de façon arbitraire et torturés pendant leur détention ». À Homs, la commission dit avoir trouvé des éléments de preuves montrant que des sections de l’Hôpital militaire et de l’Hôpital Al Ladhiqiyah sont devenues des centres de tortures. Le rapport dénonce aussi une situation humanitaire qui ne cesse d’empirer, avec quelque 70 000 déplacés depuis le début de la révolte.
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