Le Dr Ahmed Adel était poursuivi pour « atteinte à la pudeur et non-respect des ordres » à la suite de la plainte d’une manifestante, Samira Ibrahim, l’accusant d’avoir pratiqué sur sa personne un test de virginité forcé. Mais dimanche, le tribunal a jugé les témoignages « contradictoires » et a prononcé sa relaxe.
La plaignante, originaire de Sohag, en Haute-Égypte, et responsable du marketing dans une entreprise privée, avait été arrêtée le 9 mars 2011 lors d’une manifestation pro-démocratie au Caire. Dans des vidéos postées sur le site YouTube, elle a raconté qu’elle-même et d’autres femmes avaient été électrocutées par des militaires et battues toute une nuit, avant d’être transférées dans une prison militaire. « Un officier a dit qu’on allait voir si nous étions des prostituées ou non », avant de faire procéder à ces tests de virginité sous couvert de contrôle médical, avait-elle raconté. Après le jugement, Samira Ibrahim a estimé que « le fait que l’affaire ait été jugée par un tribunal militaire (était) un désastre » et que la relaxe prononcée était « une farce ».
« Ce jugement montre combien la justice militaire est politique et manque d’indépendance », a affirmé pour sa part Heba Morayef, représentante en Égypte de l’organisation Human Rights Watch (HRW). Ce procès « a des implications importantes » et « va faire reculer les espoirs de voir l’armée tenue de rendre des comptes », a-t-elle ajouté.
L’avocate du médecin militaire, Me Huwayda Mostafa Salem, a toutefois affirmé devant la presse que « le dossier à charge n’était pas solide dès le départ » et était « porté par la pression médiatique ».
La pratique par l’armée de tests de virginité sur des manifestantes avait provoqué un tollé en Égypte et à l’étranger, contribuant à ternir l’image de l’institution militaire au pouvoir depuis la chute du président Hosni Moubarak, en février 2011. Elle a été dénoncée comme une forme de « torture » et de violence sexuelle par des organisations égyptiennes et internationales de défense des droits de la personne. L’armée s’était alors engagée à ne plus avoir recours à ces tests, sans toutefois les renier dans leur principe. Des responsables militaires les avaient justifiés par la nécessité selon eux d’empêcher des manifestantes qui seraient vierges de porter plainte pour viol contre des soldats les ayant arrêtées.
La Cour administrative du Caire, saisie par Samira Ibrahim, a ordonné le 27 décembre à l’armée de ne plus procéder à ces tests.
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