En dépit d’une recherche reconnue mondialement pour sa qualité, la France se heurte à une difficulté structurelle : accueillir les meilleurs scientifiques internationaux qui désirent installer leur équipe dans ses laboratoires. Les lourdeurs administratives et le peu de visibilité du système de financement de la recherche française découragent plus d’un candidat. Nombreux sont ceux qui préfèrent alors se tourner vers d’autres pays qui ont compris l’intérêt de faciliter l’installation des scientifiques les plus prometteurs dans un contexte de course mondiale à l’innovation.
En France, « les démarches, complexes multiplient les interlocuteurs et demandent un an à un an et demi pour aboutir. Plutôt décourageant pour un jeune chercheur », souligne Alain Prochiantz, directeur du Centre interdisciplinaire de recherche en biologie (Paris) et président du Comité de la recherche à la Fondation pour la recherche médicale (FMR). Partout ailleurs, les équipes sélectionnées disposent d’un seul interlocuteur capable de faire une offre financière immédiate et de négocier avec le porteur de projet, un « starting package » qui répond à ses besoins en ressources humaines et matérielles. Pour contribuer à enrayer ce handicap, la FMR a mis en place en 2011 son programme « Amorçage de jeunes équipes » qui permet de « mobiliser des ressources en temps réel ».
Une première.
Autrement dit, une grande première dans notre pays. Ce programme constitue un guichet unique qui attribue à un chercheur de talent (quelles que soient sa nationalité et sa discipline), les ressources nécessaires à son installation dans un centre de recherche français pour une période de deux ans. Le temps pour le chercheur d’initier un projet solide et d’obtenir ensuite d’autres sources de financement, voire un poste statutaire. À ce programme correspond « un budget de 300 000 euros maximum sur deux ans, dont 200 000 la première année. Des fonds disponibles à la carte et qui peuvent être utilisés pour des frais de personnel, du petit équipement, du fonctionnement, ou encore des frais de mission », précise Valérie Lemarchandel, directrice des Affaires scientifiques et membre du directoire de la FRM.
Ce programme se veut aussi très souple et réactif : « souplesse dans le dépôt de candidature pour les équipes de recherche qui présentent leur demande, sans limite d’âge pour le candidat ; réactivité du côté de la FRM qui s’engage à fournir une réponse dans les deux mois suivant le dépôt du dossier complet. Ce qui implique que les demandes soient traitées au fil de l’eau par le comité de sélection », ajoute Valérie Lemarchandel.
Lancé en mars 2011, avec un appel à candidatures diffusé en direction de tous les organismes et centres de recherche français, le programme « Amorçage jeunes équipes » a permis de financer 11 projets à hauteur de 3 millions d’euros sur deux ans. « Nous souhaitons avoir suscité une prise de conscience, et nous l’espérons, une dynamique qui perdurera au-delà de notre programme », commente Valérie Lemarchandel.
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