Un Frenchie dans le Bronx

CINEMA

PAR RENEE CARTON

« C 'EST un film très personnel, un film sur la recherche d'identité », dit Jerry Schatzberg de son 11e long métrage, tourné après plus de dix ans d'absence des écrans (« l'Ami retrouvé » date de 1988). Le réalisateur de « Panique à Needle Park » et de « l'Epouvantail » (palme d'or à Cannes en 1973) a eu envie de retourner dans le Bronx, où il est né, voir ce que le quartier de son enfance était devenu. Pour ce faire, il a imaginé le personnage d'un jeune Français, restaurateur d'instruments de musique, qui, à la faveur d'une mission à New York, part sur les traces d'un père qu'il n'a pas connu, un musicien de jazz qui a quitté sa mère quand il avait 2 ans, croit-il.

Il est donc beaucoup question du passé dans « The Day the Ponies are back » (le jour où les poneys sont de retour) mais aussi du triste présent avec la violence quotidienne et la pauvreté dans lesquelles sont englués les habitants du quartier, pour la plupart noirs (pardon, afro-américains) ou hispaniques ; ou encore la violence conjugale dont est victime le principal personnage féminin. Mais Schatzberg est, il le dit lui-même, « plutôt optimiste » et c'est l'amitié, l'amour qui finissent par l'emporter, même dans le drame.
On suit avec sympathie le jeune Daniel dans ses rencontres et, même si l'on a vu beaucoup de films qui se passent à New York, on porte sur les rues du Bronx, magnifiquement filmées par Schatzberg, le même regard un peu ébahi que lui. Et l'on fond avec lui devant le petit garçon noir qui attend le retour des poneys et qui sait si bien réunir les êtres.
Guillaume Canet se glisse parfaitement dans ce rôle qui, à l'origine, avait été écrit pour un autre. Monica Trombetta, Burt Young et Tony LoBianco sont à l'unisson dans ce film rythmé par le jazz, le gospel et quelques belles pages classiques.