Joël Capobianco, généraliste de 55 ans, a eu beau clamer son innocence tout au long de son parcours juridique, la Cour d’assises de Meurthe-et-Moselle l’a condamné mardi, en appel, à 15 ans de prison.
L’avocat général avait requis contre lui la peine maximale de 20 ans de réclusion criminelle. Le médecin est accusé d’avoir drogué puis violé 9 patientes. Ce jugement rejoint celui de la condamnation en première instance en juin 2010 où la Cour d’assises des Vosges à Épinal s’était aussi prononcée pour 15 ans de prison. Le généraliste avait été reconnu coupable de 9 viols, mais acquitté pour 2 d’entre eux, verdict dont il avait fait appel.
« Vous êtes en présence d’une situation où toutes les circonstances sont réunies pour commettre un crime parfait », a argumenté l’avocat général Jacques Santarelli, qui l’a qualifié de « violeur en série ». « Est-ce qu’on est dans un geste thérapeutique ou dans un geste criminel quand le criminel injecte ce produit, qui ne peut conduire qu’à l’endormissement ? »
Hypnosédation.
Dans son cabinet de Dommartin-lès-Remiremont (Vosges), le généraliste pratiquait « l’hypnosédation » sur des patientes dépressives auxquelles il administrait du Valium. L’affaire est révélée en juillet 2005 lorsqu’une jeune femme porte plainte pour des faits remontant à 1998 alors qu’elle était âgée de 15 ans. Elle affirme avoir été violée dans un état de semi-conscience après avoir pris, sur demande du médecin, du Valium. Quelques semaines plus tard, 2 autres patientes traitées pour dépression déposent plainte pour des faits similaires, ce qui aboutit à une mise en examen en janvier 2006. La médiatisation de l’affaire incite 11 anciennes patientes supplémentaires – dont une âgée de 13 ans au moment des faits – à porter plainte.
Joël Capobianco nie les accusations dès son premier procès et soutient que les plaignantes ont été victimes d’hallucinations dues au Valium. Les enquêteurs avaient retrouvé des quantités « extraordinaires » de ce médicament dans son cabinet. Pour sa défense, le médecin avait indiqué que son usage était fréquent lors d’« hypnosédation », allégation contredite par plusieurs experts qui avaient estimé que cette technique « n’était pas conforme aux données avérées de la science » et « ne correspondait pas aux pathologies des patientes ». Lors du second procès ouvert le 23 janvier, un autre expert avait confirmé que « soigner la spasmophilie avec du Valium était une aberration. Si les violeurs utilisent les benzodiazépines, c’est qu’ils savent que les victimes ne se souviennent de rien ».
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