S UR les quelque 4 400 médecins à diplôme extraeuropéen devenus praticiens adjoints contractuels (PAC), 872 sont désormais praticiens hospitaliers (PH). Cela signifie que près d'un médecin reçu PH cette année sur trois (30 %) est, à l'origine, titulaire d'un diplôme étranger.
Six ans après que Simone Veil, alors ministre de la Santé, a lancé le processus de régularisation de la situation des 8 000 médecins diplômés hors de l'Europe qui travaillent dans les hôpitaux français, l'ultime étape de leur intégration dans le système hospitalier tricolore a donc été franchie.
Pour les 872 lauréats de 2001, le parcours aura été long : avant de se présenter au concours de PH type 2 (épreuves écrites et orales), il leur aura fallu d'abord passer les épreuves nationales d'aptitude à la fonction de PAC, exercer à l'hôpital sous ce statut certes moins précaire que le statut d'associé, qui leur était jusque-là réservé, mais soumis à un contrat renouvelé tous les trois ans.
Devenus PH, les PAC n'en sont peut-être pas, pour autant, au bout de leurs peines. Car ils viennent se heurter à la réalité de l'hôpital public dans l'Hexagone, et plus exactement aux milliers de postes de PH qui y sont vacants.
Bras de fer
Parce qu'ils sont géographiquement perdus ou parce que le travail y est trop pénible, 2 000 postes de PH environ ne trouvent pas preneurs, ce qui n'est pas sans poser de graves problèmes de permanence des soins ici ou là. Et deux logiques s'affrontent. Celle du ministère de la Santé, qui voudrait bien que les PAC fraîchement devenus PH occupent en priorité ces postes vacants. Celle des PAC, qui plaident pour une transformation du poste qu'ils occupent déjà en tant que PAC en poste de PH. Le bras de fer est un peu faussé par l'engagement pris en faveur de la transformation des postes par les pouvoirs publics, lors de la signature avec les syndicats de PH du « protocole Aubry » de mars 2000 (à condition que cela ne contrarie pas le SROS - schéma régional d'organisation sanitaire - et que l'hôpital dispose des moyens nécessaires à cette transformation : un poste de PH coûtant 280 000 francs plus cher qu'un poste de PAC). Quatre-vingt millions de francs ont d'ailleurs été affectés en 2001 spécifiquement à la reconversion de postes de PAC en postes de PH, ce qui correspond au financement de près de 300 opérations.
Néanmoins, avec ses postes vacants sur les bras, la DHOS (direction de l'Hospitalisation et de l'Organisation des soins) est sans doute tentée de ne pas créer de nouveaux postes de PH, ce que revient à faire ipso facto la transformation des postes de PAC.
La " chasse " aux postes est ouverte
Quant aux PAC, qui travaillent déjà dans certains cas sur des postes de PH vacants, ils mettent en avant les failles du dispositif : « Envoyer les PAC-PH sur les postes vacants ne fait que déplacer le problème, explique le Dr Hani-Jean Tawil, président du Syndicat national des PAC (SNPAC), car que va devenir leur poste de PAC ? » De fait, les 4 400 praticiens adjoints contractuels occupent souvent des places qui font peu d'envieux, notamment dans les services d'urgence, et on peut se demander ce que deviendront leurs équipes s'ils s'en vont. Au-delà de ce problème d'organisation, les PAC font de la transformation de leur poste une question de principe. « On est utile quand on ne coûte pas cher. Quand on coûte cher, il faut aller loin. Nous, nous voulons bien voyager, nous voulons bien boucher les trous, mais il faut que le système soit équitable pour tout le monde », s'indigne le Dr Tawil. Le président du SNPAC est d'autant plus en colère qu'il affirme qu'une trentaine de postes de PAC transformés en postes de PH seraient aujourd'hui occupés par des PH non PAC.
La chasse aux postes est ouverte. Pour les PAC, ce n'est pas à proprement parler une nouveauté : en tant que praticiens adjoints contractuels, la moitié d'entre eux n'a pas trouvé de poste correspondant à leur statut. Les postes (4 000) sont bien affichés, mais soit ils sont gelés faute de financement, soit ils sont tellement peu attractifs que les PAC préfèrent rester là où ils sont, avec un statut - un salaire ! - d'associé.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature