L E conseil des ministres a adopté le projet de loi pour la sécurité présenté par Daniel Vaillant, ministre de l'Intérieur. Lionel Jospin a souligné le « droit de tous » à la sécurité et le président de la République, qui n'a rien à redire aux mesures proposées, réclame une « mobilisation nationale ».
Mais il y a loin de la coupe aux lèvres. On voudrait d'abord être sûr que le gouvernement de la gauche plurielle ne considère plus le problème de la sécurité comme une cause réactionnaire, que les premières victimes de l'insécurité sont les habitants des quartiers dits « chauds », les conducteurs d'autobus, les pompiers qui accourent pour éteindre les flammes d'une voiture incendiée, les boulangères assassinées pour une poignée de croissants et les vieilles dames dépouillées devant les distributeurs de billets.
On voudrait être sûr, en outre, que le gouvernement ne craint pas d'enrayer par une répression plus sévère les débordements d'une jeunesse qui, pour n'avoir pas reçu l'éducation qu'elle méritait et souffre de maux multiples, n'en est pas moins inexcusable.
Nous devons parer au plus pressé, qui est de rétablir la sécurité dans les villes, et c'est le premier devoir politique, car la peur est réductrice d'une liberté essentielle, celle de marcher dans les rues sans crainte de se faire agresser. On voudrait donc être sûr que le gouvernement, cette fois, accorde plus d'intérêt aux victimes, ou aux victimes en puissance, qu'aux délinquants.
Ce qui n'empêche nullement de traiter le fond du problème avec des moyens plus importants qui sont l'assainissement des quartiers où on a laissé s'installer l'anarchie ; le rétablissement de la discipline de papa dans les écoles ; l'adoption du principe de « tolérance zéro » en vertu duquel un graffiti ou une vitre brisée sont aussi inacceptables qu'une agression au couteau ; le lancement d'un vaste programme d'éducation civique ; le ravalement des immeubles dilapidés ; la lutte contre le chômage des jeunes par des mesures assurant un lien entre la phase scolaire et le premier emploi ; la création de milliers de postes d'éducateur capables d'encadrer les jeunes et de les éloigner de la tentation de la violence ou de la drogue ; une lutte sans merci contre les dealers... La tâche est immense, de longue durée et infiniment coûteuse.
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