HUGO EST GRAND, on ne le découvre pas aujourd’hui. Mais jamais on n’avait aussi bien compris à quel point son écriture est théâtrale si l’on en suit les mouvements profonds. « Les Misérables » ont souvent été adaptés et l’on sait le succès planétaire de la comédie musicale, la version anglaise devant d’ailleurs faire un retour en force dans quelque temps en France. Hugo est grand et les jeunes artistes réunis autour de Jean Bellorini le savent, qui le servent avec une humilité qui n’a d’égal que la force de leur engagement, un enthousiasme communicatif, une énergie époustouflante. Ne faisons pas ici de docte analyse ; allons au plus vite : ce spectacle est exceptionnel. On est saisi, emporté et il y a là l’intelligence et l’audace du metteur en scène que l’on connaît un peu et que l’on tient comme l’un des grands parmi les jeunes.
Jean Bellorini a adapté le grand roman de Victor Hugo avec le comédien Camille de La Guillonnière qui porte, avec Clara Mayer, toute la première partie. Ce travail de réduction et de mise en théâtre exige des interprètes une intelligence, une sensibilité, une virtuosité extraordinaires. Deux interprètes, déjà cités et deux musiciens, Céline Ottria et Hugo Sablic. Il y a dans cette première partie, quelque chose de miraculeux. Une évidence. On est saisi, emporté. On est suspendu par le récit, par le jeu. Par les croisements des voix, les ruptures, les modes du dire, du jeu, les mouvements, les regards, le ton, etc. C’est un moment sublime que l’on ne peut réduire par les pauvres mots d’une prétendue analyse. Allez ! Voyez !
Après l’entracte, tout se complexifie : toujours les quatre, plus trois autres interprètes et quelques effets plus spectaculaires. Il y a les grands chapitres sur les barricades, et le besoin bien compréhensible du metteur en scène de nourrir un « spectacle ». Les renforts sont tout aussi engagés : Karyll Elgrichi, Geoffroy Rondeau, Mathieu Coblentz. Il est rare que l’on assiste à un spectacle aussi original et aussi bien tenu. On est bouleversé par Hugo, ses personnages et sa déchirante histoire, sa pensée, sa morale. Mais on est tout autant bouleversé par ces jeunes qui portent si haut un grand théâtre populaire et beau.
Théâtre du Soleil à la Cartoucherie de Vincennes, salle de répétition (en face de l’entrée de la Tempête). Ce soir mercredi à 19 heures, et ainsi jusqu’à samedi 13 et en matinée dimanche 14. Première partie : 1 h 30, vingt minutes d’entracte, puis deux heures. Sortie vers 23 h 15 (tél. 01.43.43.25.58 et cie.airdelune@gmail.com).
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