Pharmaceutique

Une recherche en quête d’indépendance

Publié le 03/02/2012
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Avec un premier appel à projet de l’Afssaps en Janvier 2012, il existe un frémissement vers une indépendance de la recherche du médicament vis-à-vis de l’industrie pharmaceutique.

Avec des objectifs de rentabilité difficiles à tenir, la recherche pharmaceutique sponsorisée peine à innover. Prise dans la double tenaille du retour sur investissement et d’une expiration des brevets, elle a tendance à privilégier les maladies chroniques, à fort potentiel de marché dans les pays riches. Du coup, elle s’aventure peu dans des vraies problématiques de santé publique et les essais cliniques ne peuvent que répondre partiellement à des questions de stratégie thérapeutique. Le système d’enregistrement des médicaments est lui aussi complice de cette situation. « Les essais cliniques financés par les firmes sont faits pour obtenir une AMM et ce n’est pas pour répondre aux questions à long terme » a constaté Marc André Gagnon (professeur adjoint en sciences politiques à l’université Carleton, Canada) lors de la conférence-débat organisée par Prescrire. « Les incitations financières n’encouragent pas l’innovation ».

L’OMS s’engage

De rares initiatives indépendantes ont déjà été faites comme l’étude ALLHAT dans l’HTA, WHI dans le traitement hormonal substitutif ou CATIE dans les antipsychotiques. L’Italie s’est timidement engagée sur la voie de l’indépendance en 2005 avec 5 % de la promotion marketing orientés vers la recherche pour des maladies rares, les exclus des essais cliniques ou des comparaisons face à face des médicaments. 151 projets de 78 millions d’euros ont été conduits mais l’expérience a tourné court en 2010 avec un remaniement ministériel.

En France, la nouvelle agence de sécurité des médicaments vient de faire un premier appel à projet de 6 millions d’euros pour 2012 et 8 millions d’euros ultérieurement dans la perspective de la sécurité d’emploi et le système de surveillance des produits. L’OMS y réfléchit sérieusement. Le fond global pour les médicaments antirétroviraux étant basé sur du volontariat, l’accès aux médicaments contre le VIH n’est pas assuré à long terme. L’OMS souhaite une convention à caractère obligatoire sur une recherche indépendante.


Source : lequotidiendumedecin.fr